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Lady Chatterley de Pascale Ferran
Avec : Marina Hands, Jean-Louis Coulloc’h, Hyppolite Girardot, Hélène Alexandridis, Hélène Fillières

Montée du désir

Lady Chatterley s’ennuie. Son mari Clifford, lieutenant de l’armée britannique est revenu paraplégique de la Grande Guerre. Délaissée par cet homme devenu impuissant, Constance se laisse aller, triste et fatiguée par la banalité de son quotidien jusqu’à ce qu’elle rencontre dans la forêt Parkin, le garde chasse du domaine. Son corps et sa solitude intriguent Constance qui lui rend bientôt visite tous les jours. Ce n’est que le début de leur histoire…

Quand D.H. Lawrence écrit son livre dans les années 20, il cherche surtout à choquer l’Angleterre puritaine d’après guerre d’où des descriptions souvent très précises des ébats des deux amants. Pascale Ferran sait qu’une telle démarche ne peut plus rien apporter à notre époque alors que la représentation du sexe banalisée ne relève plus du tabou. Au contraire, la cinéaste s’intéresse à la trajectoire de ces deux corps solitaires qui finissent par se rejoindre naturellement.

Au début du film, Constance s’observe nue devant une glace. Elle ne peut constater que sa frustration de femme abandonnée par son mari. A cette image, se superpose, celle du garde chasse en train de faire sa toilette. La scène renvoie l’isolement de cet homme muré dans une solitude qu’il s’est fabriqué lui-même.

Pourtant rien n’est joué d’avance d’autant que Constance et Parkin n’appartiennent pas au même milieu et éprouvent quelques difficultés à exprimer leurs sentiments. Leurs premiers ébats témoignent ainsi d’une relative maladresse qui cède progressivement la place à un amour fusionnel entre deux corps en harmonie avec la nature, un amour d’où émane par le jeu de la mise en scène une réelle douceur.

Pascale Ferran retranscrit également à l’écran le cycle des saisons pour mieux souligner la montée du désir chez les deux amants avec pour point culminant la scène où Constance et Parkin font l’amour sous la pluie. Pascale Ferran a appelé son précédent film L’âge des possibles et c’est bien de cela qu’il s’agit. Dans les rapports de classes incertains, dans ce vous qui devient tu, Constance et Parkin se réinventent et réinventent le monde, telle est la promesse de ce cinéma ambitieux.
J.H.D. 

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