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Babel de Alejandro Gonzalez Innaritu
Avec : Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael Garcia Bernal, Koji Yakusho

Si loin, si proches

Dans une zone désertique du sud marocain, un berger montre à ses deux fils le fusil qu’il vient d’acquérir puis leur explique comment débusquer les coyotes. En randonnée avec leur troupeau, les deux adolescents emportent l’arme et s’entraînent en tirant à l’aveuglette : le cadet blesse grièvement une touriste américaine déclenchant une cascade d’évènements imprévisibles d’un bout à l’autre de la planète…

Alors que les médias du monde entier s’emparent de l’incident, ranimant le spectre d’une attaque terroriste, une vieille gouvernante mexicaine emmène les deux enfants américains dont elle a la garde au mariage de sa fille, de l’autre côté de la frontière, tandis qu’à Tokyo, à 10 000 km de là, une adolescente sourde muette se remet difficilement de la mort de sa mère…

Alejandro Gonzalez Innaritu travaille l’espace et le temps. Malgré quelques facilités, la mise en scène virtuose rapproche ou sépare irrémédiablement des personnages incapables de communiquer. D’ailleurs, plus ils sont proches, plus la barrière qui les sépare semble insurmontable. L’ambassade américaine tarde ainsi à évacuer ses ressortissants par défiance envers les autorités marocaines. La jeune Eiko subit le rejet des adolescents de son âge dès qu’ils s’aperçoivent de son handicap. Elle n’entend pas la musique jouée par la sono assourdissante d’une discothèque, scène saisissante puisque rarement un film n’a rendu de manière aussi forte ce sentiment d’exclusion et la rage sourde qui l’accompagne.

L’intrique morcelée construit quelques points de passage entre les territoires : des enfants à garder, un fusil que l’on s’échange. Mais à aucun moment, ce monde marqué par une économie mondialisée et l’effacement progressif de toutes les frontières ne parvient à générer un quelconque élan de fraternité. Le beau plan final, mélancolique excepté, les personnages du film traversent le monde, seuls, exclus selon une courbe terrifiante puisqu'elle suggère le plus court chemin vers la barbarie.
J.H.D. 

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