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The Host de Bong Joon-ho
Avec : Song Kang-ho, Byun Hee-bong, Park Hae-il, Bae Doo-na

Mutant aquatique en liberté

Quitte à signer un film de monstre, autant ne pas cacher la bête. Bong Joon-ho ne se fait donc pas prier. Le cinéaste se permet même de nous montrer l’évolution de sa bestiole, petit têtard mutant devenu en quelques scènes limpides un immonde batracien géant. La créature surgit des eaux de la rivière Han dévaste tout sur son passage, dévore quelques passants et enlève la jeune Hyun Seo, petite dernière d’une famille décomposée dont les membres sont ensuite placés en quarantaine.

Eclatés par les rivalités, le clan trouve pourtant les ressources pour se reformer, bien décidé à ramener la fillette à la maison dans un bel élan de solidarité où chacun oublie ses rancœurs. Bong Joon-ho applique la même recette que dans son précédent film, Memories of Murder. Le cinéaste livre tout d’abord un authentique film de genre qui ne renie pas son héritage : on pense à Godzilla pour le versant écologique du film, voire à Alien pour l’aspect du monstre qui rappelle les créatures de HR Giger.

Le film de genre procure ici un plaisir immédiat tout en questionnant les contradiction de la société coréenne, placée sous la protection encombrante du grand frère américain. Si le monstre résulte d’expériences ratées menées par des savants américains, le cinéaste condamne également l’apathie de ses compatriotes à l’image du père de Hyun Seo, véritable attardé toujours assoupi. Aussi quand le monstre s’approche une première fois des berges, les badauds lui lancent directement des cannettes de soda pour le nourrir, scène hilarante puisque Bong Joon-ho illustre la bêtise de ses concitoyens.

Mais le cinéaste aimes ses personnages qu’ils soient monstres ou humains. Il multiplie les gags, les ruptures de style, passant sans ménagement d’un genre à l’autre. Sa créature épouse cette démarche, désordonnée, chrysalide gracieuse pendue à un pont, monstre géant maladroit écrasant tout sous son passage, nageur émérite quand elle se déplace dans la rivière. Ce monstre qui ne dit pas son nom, c’est peut être la Corée, séparée en deux entités, le sud placé sous tutelle américaine, un de nombreuses interprétations de ce film de genre monumental.
J.H.D. 

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