sommaire cinéma
@ chroniques de films
articles

Inscrivez-vous à la newsletter PurJus

chroniques cinéma


Red Road de Andrea Arnold
Avec : Kate Dickie, Nathalie Press, Andrew Armour, Martin Compston

A l’ombre de la haine

Le nez collé à des écrans de vidéo surveillance, Jackie passe ses journées à espionner le quotidien de milliers d’anonymes, hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, tous résidents d’une petite banlieue de Glasgow. Tout bascule le jour où la jeune femme éteinte reconnaît un visage familier sur l’un des écrans de contrôle, ranimant instantanément de douloureux souvenirs. Jackie n’a pas oublié cet homme et tout le mal qu’il a répandu au tour de lui. Lentement, son visage devient une obsession. Utilisant sa position, Jackie retrouve sa trace et tente de s’immiscer dans sa vie, prête à mettre à exécution sa terrible vengeance…

Ce premier film impressionnant de maîtrise déjoue tous les pièges, en particulier celui de la dénonciation simpliste de l’usage de la vidéo surveillance. Les caméras quadrillent Glasgow et ses environs mais à aucun moment, le système sert de dispositif de mise en scène. Ce n’est qu’un prétexte, le carburant d’une intrigue qui ne vous lâche plus à partir du moment où Jackie poursuit Clyde.

Cet homme minable a brisé sa vie. On l’observe aux côtés de Kate Dickie draguer des minettes, chercher en vain du travail et noyer son désarroi dans l’alcool. Red Road change de registre, le thriller laissant un temps la place à une solide chronique sociale d’autant plus poignante que l’on découvre la rage sourde de celui qui conscient de ses mauvaises actions, n’aspire plus qu’à marcher droit. La présence de Martin Compston, acteur découvert dans le Sweet Sixteen, achève de placer le film sous le patronage de Ken Loach.

Lentement, Andrea Arnold fait monter la pression et joue avec les images, leur sens cachée, en particulier dans la scène cruciale de la sortie de l’école. Mais la cinéaste se démarque du tout venant aidée par le charisme de son actrice Kate Dickie. Un long et tortueux cheminement intérieur pousse son personnage dans les bras d’un homme haï mais auquel elle est intimement liée. Car c’est bien de lui et par la révélation finale que viendra la rédemption et in fine la possibilité de reprendre une vie normale et apaisée, beau geste dans lequel s’affirme une jeune cinéaste au talent singulier.
J.H.D. 

< autres chroniques



Copyright 2000-2024 PurJus.net - <redac [AT] purjus [POINT] net> [*]
([*] veuillez supprimer les espaces pour former l'adresse mail réelle, merci -
ceci est fait pour lutter contre les collecteurs automatiques d'emails -
anti-spam)