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Le Film Décrypté : Belle de Jour de Luis Buñuel
Avec : Catherine Deneuve, Jean Sorel, Michel Piccoli, Pierre Clementi

Les Charmes indiscrets de la bourgeoisie

Séverine s’ennuie. Marié depuis près d’un an à un brillant chirurgien Pierre, la jeune femme ne goûte guère les joies du bonheur conjugal. Elle apprend qu’une de ses amies Henriette se livre à la débauche dans une maison de passes à l’insu de tous. Séverine hésite mais Husson, un proche de son mari, cynique et jouisseur lui indique l’adresse d’un établissement qu’il fréquente assidûment. Séverine découvre ainsi la maison d’Anaïs et devenue Belle de jour, commence une double vie…

Couronné du Lion d’Or du Festival de Venise 1967, Belle de jour a déconcerté les spectateurs mais fascine toujours autant les cinéphiles. Fidèle à lui-même, Luis Buñuel égratigne les mœurs bourgeoises et revendique un certain anticonformisme. Il affiche même un certain sens de la dérision quand il filme les fantasmes sado-masochistes de Séverine. Ce très beau couple, très rassurant cache une réalité moins glorieuse de l’époque : les femmes se vendent et les hommes en profitent pour assouvir leurs désirs. Dans une scène farfelue, Séverine ne parvient pas à satisfaire les fantasmes d’un célèbre professeur. Déguisé en groom, il veut se faire humilier, se faire marcher dessus. L’amour s’apparente ici à un jeu, une comédie à prendre à la légère. Tout le contraire de la liaison de Séverine avec Marcel qui fera basculer le récit dans le drame.

Chef de file des surréalistes dans les années 30, auteur du film manifeste L’Age d’Or, Buñuel innove ici en superposant les fantasmes de son héroïne sur le récit. Belle de jour commence ainsi par une promenade en calèche qui dégénère : le mari de Séverine ordonne aux cochers de fouetter Séverine puis de lui faire l’amour, scène interrompue par le scintillement d’un grelot qui annonce le déplacement de l’intrigue entre les fantasmes de Séverine et la réalité. Insatisfaite, l’héroïne de Buñuel rêve de brutalité, de virilité pour casser la monotonie de sa vie de couple.

Facétieux, Luis Buñuel s’amuse à égarer le public. Cet énigmatique client asiatique au grelot, existe-t-il vraiment ? Ou bien est ce une invention de Séverine ? Est ce bien Pierre caché derrière ses lunettes noires dans la dernière scène du film ? Enfin, Husson, a-t-il révélé le secret de Séverine à son mari ? Autant de questions sas réponses pour lesquelles il faut revoir ce film ensorcelant.
J.H.D. 

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