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Syndromes and a Century de Apichatpong Weerasethakul
Avec : Arkanae Cherkam, Nantarat Sawaddikul, Jaruchai Iamaran

Vers la lumière

Nouvelle ballade avec Apichatpong Weerasethakul. Le cinéaste s’inspire de son enfance passée auprès de ses parents médecins exerçant dans l’hôpital de Khon Kae. Mais syndromes and a century déborde largement de ce cadre narratif pour embrasser dans un même élan l’histoire d’un homme et d’un pays.

Point de départ du film, l’accueil d’un nouveau médecin par une jeune doctoresse. Quelques scènes plus tard, il lui déclare son amour. Elle le reprend en lui parlant d’un inconnu, un vendeur de fleures rencontré sur un marché… Le plaisir du film tient à cette capacité sans cesse renouvelée de dépasser les conventions du récit pour nous emmener ailleurs, là où on s’y attend le moins. Ainsi, le dentiste de l’hôpital chante dans son cabinet parce qu’il se produit régulièrement sur la place du village.

Les longs plans où le cinéaste s’attarde sur les arbres résume bien la démarche : l’immobilité du film n’est qu’un leurre, les feuilles bougent dans un mouvement certes infime mais qui travaille progressivement tout le film. Comme Tropical Malady, Syndromes and a century s’interrompt à mi-parcours, sauf qu’ici c’est moins un autre film qui commence que le prolongement de ce qui a précédé en une multitude de variations.

Apichatpong Weerasethakul s’amuse à répéter des scènes similaires mais jamais identiques. Le contexte a changé, la jungle a laissé la place à une ville en plein essor, les statues de Bouddha sont remplacées par celles de figures historiques ou de dignitaires politiques. Signe de temps, l’hôpital soigne désormais des vétérans de guerre. Le film dérive du souvenir d’enfance et le simple jeu de la mise en scène suffit à entremêler l’histoire de tout un pays mais également les croyances de tout un peuple héritées de l’enseignement du bouddhisme. Ces croyances ordonnaient déjà la construction d’un film comme Tropical Malady où l’amant éconduit revenait hanter l’objet de son désir sous la forme d’un tigre.

Syndromes ans a century joue plus subtilement avec cette imagerie comme si le second hôpital était la réincarnation moderne du premier. Le moine évoque d’ailleurs un rêve où il se voyait D.J. lui qui plus jeune voulait ouvrir un magasin de bande dessinées. La modernité se conjugue harmonieusement avec l’héritage de tout un pays sous le regard complice d’un cinéaste brillant qui invente avec ce film lumineux une nouvelle manière de se raconter.
J.H.D. 

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