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L'Emploi du temps de Laurent Cantet
Avec : Aurélien Recoing, Karin Viard, Serge Livrozet, Nicolas Kalsh, Jean Pierre-Mangeot
Inspiré d’un fait divers sanglant, l’affaire Romand, du nom de ce faux médecin meurtrier, l’Emploi du Temps retrace la dérive de Vincent, cadre licencié et bon père de famille. Afin de ne pas perdre la face vis à vis de son entourage, ce dernier s’imagine un nouvel emploi de fonctionnaire des Nations Unies à Genève. Ce petit jeu fonctionne à la perfection mais le mensonge en appelle d’autres et surtout il ne peut durer éternellement …

L’homme de verre.

Contrairement aux apparences, L’Emploi du temps n’a rien du banal film social à la française. Grâce à une mise en scène épurée et rigoureuse (cadrages ultra serrés découpage…), Laurent Cantet filme avec une justesse touchante les errements de cet homme déjà mort « socialement » et qui s’interroge sur sa place dans la société. Passant ses journées dans sa voiture, balloté de motels en motels, se mettant en porte à faux avec la légalité, le personnage incarné par Aurélien Recoing se cherche et se perd au fur et à mesure qu’il développe son propre système, un mensonge qui fint par l’imprégner lui même. Mais la grande réussite du film réside dans ces scènes où le père de famille se rend compte de son effacement progressif. A cet égard, la plus belle séquence du film demeure cette balade en montagne ou Aurélien Recoing perd, l’espace de quelques instants, la silhouette de Karin Viard noyée dans un épais brouillard avant de la retrouver.

Evidemment, tout mensonge se définit par rapport à une vérité et le spectateur comprend assez rapidement que Vinent sera tôt ou tard démasqué. Les scènes finales restent pourtant horriblement efficaces, car malgré sa mise en scène implacable, Laurent Cantet, fait preuve d’une extrême pudeur qui nous rapproche un peu plus de cet homme désespéré. Tout passe ici, par le regard, qu’il soit agressif comme celui du fils aîné ou compatissant comme celui de la femme. Et en refusant la facilité - qui voudrait que le héros élimine les spectateurs de son malheur - , Laurent Cantet montre qu’il est un des cinéastes avec lesquels il faut dorénavant compter.
J.H.D. 

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