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Profondo Rosso (Les Frissons de l'Angoisse) de Dario Argento
Avec : David Hemmings, Marcus Daly, Macha Meril, Gabriele Lavia, Giuliane Calandra
Le Compas dans l’œil.

Après sa trilogie de gialli, fortement inspiré de l’œuvre de Bava (La Femme qui en Savait Trop, 6 Femmes pour l'Assassin, etc.), Argento acquiert son autonomie avec ce chef d'oeuvre baroque, sans aucun doute son meilleur film à ce jour. Epurant l'intrigue, totalement invraisemblable, il se focalise sur les meurtres, mais aussi leur préparation respective. Ainsi plusieurs séquences communiquent entre elles, par de simples motifs, comme un lavabo par exemple. Les rituels sont franchement abstraits, puisqu'il ne s'agit plus tellement de montrer les mains du meurtrier préparer ses armes, mais de présenter sous une forme maniériste les "objets" ou les motifs qui vont intervenir dans le forfait.

En particulier, après l’œil apparaissant dans le trou de la porte dans L'Oiseau au Plumage de Cristal et l’œil orangé du criminel dans Le Chat à Neuf Queues, l'oeil du meurtrier devient ici presque autonome, apparaissant seul dans un placard sombre, comme s'il n'était relié à aucun corps. Après de longues séquences de suspense, le meurtrier entre en scène, pour des crimes fulgurants rythmés par la basse funk des Goblin. Ces crimes sont particulièrement violents, Argento filmant en gros plan les plaies des victimes ("profondes et rouges"), insérant ça et là les images que Hichcock n'a pas montré dans Psychose. Heureusement, le méchant aura droit à un châtiment encore plus cruel, dont je vous laisse la surprise. Difficile d'aller plus loin dans la démesure.

Le titre du film est l'indice de sa conceptualisation totale : Argento travaille sur le regard (meurtres vus à distance, de l'extérieur), sur les miroirs, les tableaux qui sont, finalement, des miroirs aussi, et inversement. On retrouve le principe de la séquence primitive mal interprêtée, comme dans l'Oiseau au Plumage de Cristal, mais encore plus poussé, puisque les spectateur en voit autant que le héros et se fait berner avec lui. Le héros découvre le pot aux roses avec un travelling circulaire impressionnant et totalement adapté. Argento n'a pas seulement inventé le rebondissement qui tue plus de 20 ans avant M. Night Shyamalan (6ème Sens), il a aussi inventé l'image trompe-l'oeil. Après tout, le cinéma est le domaine de l'illusion.

VHS René Château Vidéo, une bouchée de pain (genre 39 F).

G.V. 

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