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Choses Secrètes de Jean Claude Brisseau
Avec : Coralie Revel, Sabrina Seyvecou, Fabrice Deville, Roger Mirmont, Blandine Bury
Sex Club.

Une femme danse totalement nue et lascive, simule l'acte amoureux sous un air de musique classique, la caméra balaie la salle dans un lent demi-cercle et nous montre une assemblée éparse qui observe le spectacle. Après ce long ballet vertigineux, la caméra s'arrête enfin sur Sandrine, la narratrice. A travers cette sarabande Jean-Claude Brisseau pose les éléments qu'il va développer par la suite : le pouvoir de la sexualité féminine, l'amour, la mort, la liberté… Les évènements s'enchaînent comme dans une machine infernale qui s'emballe inexorablement, peu importe dès lors leur vraisemblance filmique puisque seule la démonstration compte (jeu forcé des acteurs, situations exagérées).

Après la théorie, à savoir grâce à leur jouissance et à leur sexualité, les femmes disposent du pouvoir de manipuler les hommes et de remettre en cause l'ordre établi, Brisseau passe à la mise en pratique et va au bout de sa réflexion en affrontant toute les difficultés qu'il rencontre. Ce faisant, il nous livre un Fight Club au féminin; là où Norton et Pitt exprimaient leur rejet de la société via la violence physique, Sabrina Seyvecou et Coralie Revel essayent de remettre la société en cause à travers une violence sexuelle et montrent leur rejet des conventions par l'expression d'un cynisme froid et calculateur. Mais là où les héros de Fight Club regagnaient leur liberté avec la généralisation de la violence, les héroïnes de Choses Secrètes s'engluent dans leur logique au point d'y perdre leur liberté et leur intégrité en tombant successivement amoureuses de l'irrésistible patron de la société, libertin au sens sadien du terme. Dès lors Brisseau franchit tous les interdits (de l'orgie mirroir de la scène d'introduction jusqu'à l'inceste) et achève fort logiquement son film dans la pulsion de mort qui plane sur tout le film et accompagne comme il se doit la pulsion sexuelle. Dans cette perspective, l'épilogue du type "t'as pas changé, qu'est-ce tu deviens?" vient brutalement casser la dynamique de la réflexion et conclut artificiellement la démonstration.

Brisseau aborde des thèmes rarement traités aussi frontalement dans le cinéma et n'hésite pas à installer un réel malaise chez le spectateur en multipliant les scènes sexuellement explicites, mise en scène pourtant indispensable à la conduite de la démonstration.. En effet, c'est que Brisseau appuie où ça fait mal et énonce des vérités difficilement contestables sur les hommes et l'amour, nous projetant dans les méandres des relations amoureuses telles qu'analysées par Stefan Zweig ou par Stroheim dans l'Ange Bleu. Libre d'accepter ou de refuser la vision du monde que nous propose Brisseau, il faut néanmoins reconnaître l'audace du réalisateur qui a, malgré les insuffisances purement cinématographiques de son film, a le grand mérite de nous inciter à prolonger notre réflexion bien au-delà de la durée du film et à nous retourner sans voile vers notre propre humanité.
G.P.L. 

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