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Le Film Décrypté : La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz
Avec : Humphrey Bogart, Ava Gardner, Edmond O’Brien, Marius Goring, Valentina Cortesa, Rossano Brazzi
L’envers du décor.

Une matinée pluvieuse, un cimetière. Les célèbrités se bousculent pour assister aux funérailles de Maria Vargas. Un de ses proches, le réalisateur Harry Dawes se souvient… Avec le producteur Kirk Edward , ils avait découvert Maria en Espagne dans le cabaret où, danseuse de flamenco elle se produisait. Protégée par Dawes des manigances du producteur, elle devient en trois films une vedette internationale…

Joseph L. Mankiewicz livre ici une satyre cruelle des coulisses Hollywood. Basé sur la vie de Ava Gardner, La Comtesse aux pieds nus évoque surtout le destin de Rita Hayworth, (elle même danseuse et mariée au nabab Ali Khan). Mais c’est surtout le personnage du producteur antipathique qui valut le plus de problèmes à Mankiewicz, à cause de sa ressemblance trop frappante avec le célèbre Howard Hughues. Le film décrit les conflits d’intérêt entre les exigences artistiques du réalisateur et celles financières d’un producteur qui peut faire et défaire les carrière au gré de ses humeurs.

Ce monde de compromissions ne semble pourtant pas effrayer Maria Vargas. La gloire et le succès ne l’intéressent pas, seule son intégrité compte. Ainsi, elle abandonne par bravade son producteur, lui signifiant qu’elle n’appartient à personne, ce que sous entend la construction alambiquée du film. Comme dans Chaînes conjugales, le film repose sur un dispositif narratif complexe, un ensembe de flashbacks imbriqués qui voit les hommes de la vie de Maria Vargas se transmettre son destin.

Maria finit par épouser un comte italien, l’occasion pour Mankiewicz de s’attaquer à la vieille aristocratie européenne perçue comme le pendant européen de hollywood. Une formule de Muldoon pour évoquer une des figure emblèmatiques de cette jet set avant l’heure, résume assez bien le dédain qu’inspire ce monde au réalisateur, « Dans un monde de prétention, quoi de mieux qu’un prétendant . »

La Comtesse aux pieds nus repose sur un paradoxe, celui d’une femme à la fois farouchement indépendante mais à la recherche d’un prince charmant. Joseph L. Mankiewicz le dira lui même par la suite, il a cherché à réaliser « une version amère de Cendrillon », à l’image de ces souliers que l‘héroïne ne porte pratiquement jamais, symbole de sa liberté. Au fond peu importe son destin tragique, Maria Vargas aura réussi à préserver son âme malgré les compromissions et les coups de sort pour devenir une des plus belles figures du cinéma.

NB:le film ressort le en salles le 5 mars.


Autour de Joseph L. Mankiewicz :
Né le 11 Février 1909 à Wilkes-Barre (Etats-Unis), Joseph L. Mankiewicz devient très jeune correspondant du Chicago Times à Berlin. Parallèlement à ses activités journalistiques, il traduit en anglais les inter-titres des films allemands destinés au marché américain. De retour aux Etats-Unis, il intègre la Paramount par l’entremise de son frère Herman, célèbre scénariste à l’œuvre sur Citizen Kane. Il rentre ensuite à la MGM où il collabore avec Lang et Cukor. En 1946, il remplace Lubitsch malade sur le tournage du Château du Dragon. Sa carrière en tant que réalisateur est lancée. Il connaît rapidement la consécration recevant sur deux ans quatre oscars pour le scénario et la réalisation de Chaînes Conjugales(1949) et Eve (1940). Il aborde progressivement tous les genres du pepum (Jules César qui révèle Brando) au drame (Soudain l’été dernier, adapté de Tenessee Williams) en passant par le fim d’espionnage (L‘Affaire Cicéron) ou le fanstatique (L’Aventure de Mme Muir). Fatigué par le tournage de Cléopâtre qu’il reniera plus tard à cause de désaccords avec les producteurs, il ne réalisera ensuite que trois fims marqués par un cynisme assez prononcé. Assez misanthrope, Mankiewicz n’a jamais cessé de jouer avec le mythe Holywoodien dont il a detourné l les conventions à plusieurs reprises, ce qui lui valut des ennuis, notamment avec le MacCarthysme…
J.H.D. 

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