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L'Arche russe de Alexandre Sokurov
Avec : Sergey Dreiden, Maria Kuznetsova, Leonid Mosgovoi, David Giorgobiani, Alexander Chaban
Révolutions

De l’ombre à la lumière. « Lorsque j’ouvris les yeux, je ne vis que du noir » concède le narrateur de l’Arche Russe. Où sommes nous ? A quelle époque ? Il faut quelques minutes pour se rendre compte de l’incroyable travail réalisé par Alexander Sokourov et son équipe.

L’Arche Russe, c’est tout d’abord un incroyable pari technique, un unique plan séquence pour abolir les notions de durée et de scène au cinéma. Alexandre Sokourov ne se contente pas d’orchestrer une simple visite à travers les dédales du palais de l’Ermitage, sa caméra mobile plonge directement l’audience dans trois siècles d’Histoire tumultueuse.

Rarement, un film n’a donné aux spectateurs l’impression de réellement participer à l'action, une prouesse due en grande partie au dynamisme de la mise en scène et au jeu sidérant des acteurs. Catherine II, Pierre Ier, la caméra de Alexandre Sokourov ressuscite avec grâce des fantômes du passé, une révolution de palais conduite par un cinéaste convaincu par la grandeur perdue de sa patrie.

L’Arche Russe est en effet un film éminemment politique, une quête à la recherche d’un temps perdu, un retour aux sources avec comme objectif inconscient la restauration du tsarisme. Pourtant, Alexandre Sokourov surprend encore en livrant un message nettement plus ambigu. Le passé omniprésent du film revient par bribes, complètement fragmenté. Il n’y a dès lors ni futur, ni présent, ni passé dans l’Arche russe, mais l’impression d’un voyage à la fois immobile et perpétuel entre les époques.

Le choix du personnage du marquis de Custine n’est pas totalement innocent. Alexandre Sokourov regrette les fastes du passé mais ne peut s’empêcher d’examiner l’histoire de la Russie à travers le prisme déformant du regard impitoyable d’un diplomate français. Cette Russie éternelle que loue l’auteur contient en elle même les germes de sa déchéance comme en témoigne certains épisodes relatés dans le film (le siège de Leningrad…). Ainsi, L’Arche Russe se clôt sur une spectaculaire scène de bal : ces fantômes ressuscités le temps d’un film ont déjà rejoint les abîmes de l’Histoire .
J.H.D. 

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