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Dogville de Lars von Trier
Avec : Nicole Kidman, Paul Bettany, Patricia Clarkson, Jeremy Davies, Stellan Skarsgard, Siobhan Fallon
Lâchez les chiens !

Grace, poursuivie par des gangsters, se réfugie à Dogville, sympathique petite bourgade américaine des années 30. Tom, attirée par elle, se charge de convaincre ses voisins de la recueillir. Grace est presque intégrée au sein de la ville lorsqu’un avis de recherche vient perturber la fragile harmonie. Si Grace veut rester, alors elle devra rendre service à ses voisins. Et la sympathique communauté va peu à peu se laisser submerger par ses instincts les plus abjects : soumission aux puissants, appât du gain, lâcheté, pulsions grégaires…

Il y a quelque chose de pourri chez l’Homme version von Trier, mais il devient encore plus bestial et sans pitié lorsqu’il se laisse envahir par la loi du groupe. En cela, le dispositif concocté par le réalisateur danois est formidable car il permet de disséquer la noirceur humaine avec une précision incomparable. Pourtant ce dispositif – un hangar où Dogville est réduite à des lignes tracées et à des accessoires pour symboliser les rues et les maisons – avait de quoi rebuter. Il n’en est rien. Le spectateur que je suis l’a digéré en quelques minutes et l’on a du mal à croire que 3 heures se sont écoulés quand les lumières se rallument tant on ne s’ennuie pas (ou si peu).

Lars von Trier est un chercheur/créateur qui peut m’enchanter (Breaking the Waves) comme m’agacer (Dancer in the Dark) mais cette fois-ci, je dois admettre que cette fusion entre le théâtre, le cinéma et la littérature (la décomposition en neuf chapitres et l’usage du narrateur font fortement penser à La Splendeur des Amberson) est probante car elle sert une histoire riche en sentiments, en retournements de situation, en suspense et servie par des comédiens tous excellents. Nicole Kidman, impériale, irradie le film de sa présence .On remercie l’actrice pour son ouverture d’esprit et son goût du risque. Dans le rôle de Grace, tout laisse à penser au début qu’elle est une énième héroïne sacrifiée par sa détermination chère à von Trier et pourtant elle laisse éclatement pleinement sa part de monstruosité (aspect insuffisamment développé dans Dancer in the Dark), et du coup la seule touche d’espoir d’une humanité en décomposition.

Cette déliquescence de l’humanité est le thème central de Dogville, cette parabole nous raconte en définitive que l’Homme est détestable lorsqu’il est placé dans des conditions extrêmes. Il a bien compris que le spectateur ne croit plus au sauvetage de l’humain tel que le présente Hollywood et bizarrement la faiblesse vient du fait qu’il adopte une position diamétralement opposée mais tout aussi manichéenne : les personnages de Dogville font tous sans exception le voyage du meilleur vers le pire. Heureusement, cela n’entrave en rien la singularité d’une œuvre parfaitement mise en scène, brillamment interprétée et subtilement bien écrite pour mieux nous manipuler. Un candidat sérieux à Cannes
J.F. 

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