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Hulk de Ang Lee
Avec : Eric Bana, Jennifer Connelly, Sam Eliott, Josh Lucas, Nick Nolte, Paul Kearsey
Tel Vert, tel fils

Hulk, dans l'imaginaire collectif façonné par la série télé avec Bill Bixby et Lou Ferrigno, raconte l'histoire d'un type tout vert qui casse tout sur son passage si on vient le frotter de trop près. Choisir Ang Lee pour mettre en scène un tel personnage apparaît comme un réel risque économique et artistique pour Universal tant Ang Lee est un cinéaste intimiste.

En réponse à la proposition de Universal, Ang Lee a façonné un Hulk à son image, un film façon "tragédie grecque" comme il aime à le présenter, un drame entre un père et son fils. Mais la grande réussite d'Ang Lee est d'avoir su combiné cette thématique profondément tragique à un pur univers de bande dessinée.

Pour Ang Lee, rien d'autre que la relation entre un père et son fils ne compte : les scènes d'actions ne sont qu'allégoriques (cf le combat entre Hulk et son père), l'amour platonique entre Bruce Banner (Eric Bana qui est beaucoup plus convaincant en Hulk) et Betty Ross (la très innocente Jennifer Connely, parfaite pour ce rôle) passe au second plan tout comme les autres sous-intrigues (celle de Betty avec son père le général Ross et le triangle Bruce, Betty et Glenn Talbot). Le film se résume à un duel entre un père (Nick Nolte très convaincant en père sadique et demi-fou) obsédé par ses recherches scientifiques malgré un emprisonnement de 30 ans et un fils complètement inhibé, mal dans sa vie.

A ce premier mouvement répond un second mouvement. En accentuant encore plus le côté bande-dessinée filmée de Hulk, en n'hésitant pas à avoir recours au split screen façon case de comic book, Ang Lee a accepté sans arrière pensée le côté bande dessiné de son super-héros (Hulk résiste à tout, bombe nucléaire, chute stratosphérique, chiens-Hulks etc.) sans jamais réellement essayer de l'inscrire dans la réalité.

Cette double approche du sujet donne un caractère unique au film de Ang Lee qui se voit promu à la fois film d'auteur, avec une intrigue tournant exclusivement autour de cinq personnages, et film ultime de super-héros en repoussant les limites de la bande-dessinée filmée. Cette schizophrénie tragédie antique/ univers de BD fait écho à la propre schizophrénie de Hulk/Bruce Banner qui n'est, et pour cause, jamais totalement lui-même.

Deux très belles scènes viennent illustrer ce double mouvement : Hulk dans le désert californien faisant des bonds de sept lieu pour rejoindre Betty et Hulk regardant Bruce Banner en train de se raser "de l'autre côté du miroir" et prenant progressivement le pas sur son alter ego. L'impression de puissance absolue que dégage la première scène est parfaitement contre-balancée par le côté psychanalytique mis en avant dans la seconde scène.

Aussi bien à l'aise avec les effets spéciaux que dans la confrontation psychologique, Ang Lee livre un objet d'étude passionnant et évite de sombrer dans le "King Kongisme" en refusant d'érotiser son Hulk et sa relation avec Betty (on pourrait cependant aussi bien voir dans ce refus d'érotisation de Hulk, une victoire du puritanisme américain…).

Parlant de Hulk, Bruce Banner dis "ce qui me fait peur c'est que quand je le sens en moi, quand je ne peux plus le combattre, quand je le sens prendre le dessus, quand je perds totalement le contrôle, j'aime ça". Nous aussi…
G.P.L. 

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