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Blind Shaft de Li Yang
Avec : Li Yixiang, Wang Shuangbao, Wang Baoqiang
Germinal

Profitant des facilités offertes par les DV, toute une génération de cinéastes chinois peut désormais réaliser des films à moindres coûts et surtout hors du contrôle des censeurs gouvernementaux. Alors qu'était déjà sorti cette année sur les écrans français l'excellent Plaisirs inconnus de Jia Zhang-ke, voilà que nous avons désormais la chance de découvrir Blind Shaft de Li Yang.

Réalisé donc clandestinement en Chine, le film décrit le quotidien de deux amis mineurs de fond qui pour arrondir les fins de mois de leur famille ont mis au point une arnaque à l'assurance simple et efficace : le meurtre de leurs collègues en échange de quoi ils perçoivent leur assurance vie. Le stratagème mis en place est cependant déréglée lorsqu'il est question du meurtre d'un adolescent…

Blind Shaft est un film noir, tant en raison du thème abordé que de l'ambiance décrite. Le principal intérêt de ce film réside à cet égard dans la description d'une Chine d'ordinaire invisible dans le cinéma officiel façon Yang Zhimou, celle des laissés pour compte de la croissance, qui n'ont pas assez d'argent pour faire vivre leur famille et pour envoyer leurs enfants à l'école, celle des prostituées et des travailleurs journaliers.
Le tableau dépeint par Li Yang est saisissant de réalisme et d'audace, Blind Shaft exprime la nette volonté de son auteur de repousser les limites du cinéma chinois contemporain (les scènes de sexe sont d'ordinaire tabous dans le cinéma chinois), et d'exposer le plus largement possible les conditions de travail précaires des plus fragiles de la chaîne économique.

Ce succès repose principalement sur les épaules de Li Yang, réalisateur et acteur qui porte son œuvre à bout de bras et qui sous couvert d'une intrigue des plus classiques met en perspective les vices et les défauts de la société actuelle. Un film en forme de coup de pioche qui remet à sa place le discours actuel sur le miracle économique chinois qui a trop tendance a oublié "qu'en Chine on manque de tout sauf de bras" pour reprendre l'expression de l'un des acteurs du film.
G.P.L. 

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