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Un film parlé de Manoel de Oliveira
Avec : Leonor Silveira, John Malkovich, Catherine Deneuve, Irène Papas, Stefania Sandrelli
Parole et utopie

Avec son dernier film, le maître portugais poursuit une œuvre qui n’a cessé de placer la parole au centre de ses préoccupations. Qu’est ce qu’il film parlé dans un monde de films parlants ? C’est avant tout un échange, partir à la découverte d’un monde multiple et original. Il s’agit aussi de transmettre un héritage car, comme le titre du film induit une autre question tout aussi importnte : qui parle le film ? Les personnages ou bien le réalisateur, Manoel de Oliveira ?

A Lisbonne, Rosa Maria et sa fille Maria Joana s’embarquent ainsi en cet été 2001 pour une longue croisière qui les mènera jusqu’à Bombay où elles partent retrouver un mari/père aviateur. Leur route est jalonnée d’étapes, Marseille, Naples, Athènes, Aden, l’occasion de multiples rencontres, un célèbre comédien portugais devant les Pyramides d’Egypte, un pope sur les hauteurs du Parthéon.

Chaque escale permet au cinéaste portugais de développer une très intéressante réflexion sur l’Histoire, la/les civilisation(s). La mise en scène, sobre et élégante évite le piège d’un pompeux discours, tendance guide touristique. Chaque lieu visité se voit transfiguré, la capacité de l’auteur à redessiner l’espace autour de ces endroits mythiques, témoins privilègiés de grands mythes de l’histoire humaine. De la mmême manière que Rosa Maria transmet son savoir à sa fille, Manoel de Oliveira nous fait revivre une partie de notre histoire commune.

Mais, Un film parlé ne s’arrête pas en si bon chemin. Dans la seconde partie du film, le cinéaste portugais s’amuse à imaginer une conversation entre plusieurs personnages de cultures différentes. Chacun parle sa langue maternelle mais magie du cinéma, ils parviennent à se comprendre. La parole chez Oliveira revêt quelque chose de sacré dans la mesure où elle apparaît le plus petit dénominateur de cette petite communauté. Elle constitue aussi l’ultime rempart contre la violence et l’ignorance. Une illusion, peut être, au terme d’une dernière volte-face où l’économie de moyens le dispute à l’effroi qu’elle suscite. Signature rageuse d’un grand maître qui n’a plus grand chose à prouver, ce final constitue l’un des plans les saisissants qu’il nous est été donné de voir.
J.H.D. 

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