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Memories of murder de Joon-ho Bong
Avec : Kang-ho Song, Kim Sang-kyung, Hee-Bong Byun

Le Fantôme du Passé

Les tueurs en série ont de tout temps fasciné les foules et inspiré le septième art, surtout quand ils n’ont jamais pu être identifiés ou arrêtés. Dix ans après les faits, la Corée du Sud n’oublie pas cet assassin qui s’est tristement illustré dans une petite ville de la banlieue de Séoul. De 1986 à 1991, il a violé puis étranglé une dizaine de jeunes femmes suivant à chaque fois le même mode opératoire. Malgré de nombreux indices et pistes, le meurtrier ne fut jamais retrouvé, la faute aux nombreuses erreurs commises par les enquêteurs. Cette débâcle qui demeure aussi celle d’un pays tout entier constitue le sujet de ce polar haletant.

Dans un premier temps, Memories of Murder surprend par sa capacité à déjouer les codes du film de serial killer imposés par Hollywood. Bong Joon-Ho ne montre aucune empathie envers cet assassin puisque de toute manière il court toujours et que son identité ne sera jamais révélé. Le réalisateur évite ainsi une ambiance trop glauque pour au contraire servir un polar très réaliste. Il évacue très vite la question de la résolution de l’énigme pour se concentrer sur le déroulement d’une enquête particulièrement bâclée. Les policiers de Memories of Murder se révèlent incapables de conserver intacte une scène de crime et perdent des preuves. En toile de fond, se lit le portrait acerbe d’une Corée marquée par des années de dictature militaire. Si Bong Joon-ho s’amuse à opposer les méthodes de Park à celle de Cho, ce n’est que pour mieux souligner les aberrations du système. Il conditionne les policiers à fabriquer des preuves ou à user de la torture pour interroger les suspects. La justice ne peut surgir de cet appareil répressif puisqu’il confisque la vérité. C’est ce rapport ambigu entre le polar et l’histoire de tout un pays qui fait la force de Memories of Murder.

A la fin du film, Park revient sur la scène de crime de la séquence d’ouverture. Une petite fille lui apprend qu’un autre homme est passé sur ces lieux quelques jours auparavant. L’assassin court toujours et avec lui, les fantômes d’un passé toujours présent dans les mémoires.

J.H.D. 

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