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Agents secrets de Frédéric Schoendoerffer
Avec : Vincent Cassel, Monica Bellucci, Charles Berling, André Dussollier, Ludovic Schoendoerffer
Enter the Matrix

Frédéric Schoendoerffer poursuit avec Agents secrets la même logique qui l'animait dans Scène de crime, c'est à dire le traitement quasi scientifique d'un film de genre pour en ressortir ce qui au fond l'intéresse le plus : la mécanique des âmes. L'amateur de James Bond et de rebondissements en tous genres ne peut qu'être déçus par ces agents secrets qui finalement ne rêvent que d'être des gens comme les autres.

Reste un film unique en son genre, croisement politico-mystique entre un film de Costa Gavras et Matrix. Costa Gavras pour l'intrigue angolaise et les impérieuses motivations de l'Etat français/ Matrix pour l'esthétique de la DGSE, pour deux scènes qui renvoient directement à la trilogie Matrix (Monica Belluci se jetant du haut de l'immeuble de la DGSE, la scène de l'autoroute) et pour la même philosophie du choix qui anime les deux films. Néo choisissait de quitter sa réalité pour lutter contre la Matrice, en assumant toutes les conséquences; Vincent Cassel et Monica Belluci ayant décidé de traverser le miroir et de connaître le dessous des cartes doivent faire face sans pouvoir revenir en arrière. Sur ce canevas, Schoendoerffer construit son intrigue à plat, ôtant toute réelle tension dramatique et tout enjeu narratif à son œuvre, quitte à perturber ses spectateurs. Les scènes d'actions sont brutales et peu spectaculaires, elles ont un parfum de réel. Le réalisateur préfère se concentrer sur la psychologie de ses agents secrets et sur le milieu du renseignement français.

Côté psychologie, le réalisateur s'appuie sur un casting solide (Cassel, Dussolier). Côté renseignement, le film a visiblement fait l'objet d'un gros travail de préparation. Mais malgré ces points forts, Agents secrets ne réussit pas systématiquement le mariage de la psychologie (on aurait voulu aller plus loin) et de l'action (certaines scènes comme l'explosion de la voiture s'insèrent mal dans le rythme du film), et surtout le style de Schoendoerffer n'est pas adapté aux scènes d'actions qui méritent un montage serré. A cet égard, la comparaison avec la trilogie Matrix est des plus pertinentes. En effet Matrix Reloaded et Agents Secrets comportent tous les deux une scène de combat dans un espace très restreint, une voiture en l'occurence. Mais alors que les frères W avaient réussi à s'affranchir des contraintes de spatiales pour livrer une scène dynamique, claire et esthétique, le réalisateur d'Agents Secrets a plutôt l'air emprunté au moment de poser sa caméra, ce qui fait que la scène est brouillonne et manque de rythme. Agents Secrets livre surtout un constat extrêmement désabusé du milieu du renseignement (détournement de l'intérêt général, supposés alliés qui se tirent dans les jambes, etc.), ce qui nous laisse penser que confronté au choix de Néo, il n'est pas du tout certain Vincent Cassel eut choisi la pilule bleue…
G.P.L. 

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