sommaire cinéma
@ chroniques de films
articles

Inscrivez-vous à la newsletter PurJus

chroniques cinéma


Le Village de M. Night Shyamalan
Avec : Joaquin Phoenix, Bryce Dallas Howard, Adrian Brody, William Hurt, Sigourney Weaver, Brendan Gleeson

Avertissement : à ne pas lire avant d’aller voir le film !

Le Ministère de la Peur

Depuis 6ème Sens, l’œuvre de M. Night Shyamalan travaille l’Amérique et ses mythes fondateurs, culpabilité, super héros, foi et maintenant peur. La grande force de son cinéma ne repose plus sur un retournement de situation finale mais tient dans sa capacité à analyser l’Amérique d’aujourd’hui tout en réaffirmant une foi intacte dans le cinéma et ses effets.

Au siècle dernier, une petite communauté vit paisiblement isolée au milieu d’une forêt. Les villageois ont conclu un pacte avec des créatures monstrueuses peuplant les forêts alentours. Personne ne doit s’aventurer hors des limites du village de peur de provoquer la colère de ceux dont il ne faut pas parler. Des phénomènes étranges commencent pourtant à se produire annonçant la fin de la trêve…

Ce village constitue évidemment une métaphore d’une Amérique recluse sur elle même. Ses pères fondateurs ont renoncé au confort des villes à la suite de drames personnels. Ils trouvent dans cette communauté un modèle censé préserver les âmes du pêché et de la corruption. La curiosité du jeune Lucius et son idylle naissante avec la fille du patriarche Edward Walker constituent autant de menaces pour la survie de la communauté.

M. Night Shyamalan enfonce le clou dès lors qu’il apparaît clairement que le système repose sur une imposture. Cette peur diffuse qui cerne les villageois sert à assurer la cohésion du groupe. Le cinéaste s’intéresse sur le poids de cette peur dans la société américaine et plus précisément sur ceux qui la fabriquent et s’en servent afin de perpétuer le système. A l’heure où les alertes terroristes se multiplient outre Atlantique, une telle métaphore ne saurait passer totalement inaperçue.

Evidemment, tout film de M. Night Shyamalan doit comporter une révélation finale susceptible de modifier notre perception de ce qui précède. Si le Village ne déroge pas à cette règle, le cinéaste prend néanmoins cette fois beaucoup de risques puisqu’en révélant l’imposture des villageois, il démystifie complètement l’élément fantastique de son film. Il s’agit pourtant d’un leurre car cinq minutes plus tard, le pouvoir de suggestion de la mise en scène replonge le spectateur dans le doute. Sous nos yeux, M. Night Shyamalan fait et défait les légendes tout en poursuivant une réflexion passionnante sur les mythes fondateurs de l’Amérique. Définitivement du très grand cinéma.
J.H.D. 

< autres chroniques



Copyright 2000-2024 PurJus.net - <redac [AT] purjus [POINT] net> [*]
([*] veuillez supprimer les espaces pour former l'adresse mail réelle, merci -
ceci est fait pour lutter contre les collecteurs automatiques d'emails -
anti-spam)