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Tropical Malady de Apichatpong Weerasethakul
Avec : Banlop Lomnoi, Sakda Kaewbuadee, Sirivech Jareonchon

Jungle Fever

Première partie. Keng, soldat urbain s’éprend de Tong garçon des campagnes. Apichatpong Weerasethakul décrit leur quotidien, les villes, la campagne, un univers familier baigné par une douceur inouïe. Rien ne semble pouvoir perturber leur idylle, pas même la présence d’une femme qui s’assis à côté d’eux. Malgré le ton fleur bleue, la mise en scène déploie en de longs plans séquences, une profondeur et une maîtrise formelle surprenante. Tropical Malady dégage une étrange harmonie, l’adéquation presque parfaite en fond et forme semblable à une caresse ou au long murmure des vagues que l’on entend allongé sur une plage.

Seconde partie. Tong a mystérieusement disparu. Keng part seul à sa recherche dans la jungle, une quête qui le mènera à la lisière du fantastique, un territoire où légendes et réalité se mêlent jusqu’à ne plus se distinguer. Un mythe local sert de point de départ à Apichatpong Weerasethakul, le destin d’un magicien transformé en tigre, condamner à errer dans la jungle. L’élément fantastique façonne petit à petit le film, et contamine l’esprit du soldat de visions étranges. Apichatpong Weerasethakul s’inscrit en quelque sorte dans la lignée du cinéma de David Lynch et de l’envoûtant Mulholland Drive. Sa mise en scène réfracte à travers Keng un espace mental en recomposition, hanté par l’amour de Tong. De la même manière que le prêtre de la légende pénètre l’esprit de ses proies, Apichatpong Weerasethakul s’empare des spectateurs en quelques visions saisissantes et lumineuses.

Où commence Tropical Malady ? Surtout où finit le film ? Que symbolise la coupe franche du milieu ? La frontière entre le bien et le Mal ? La fin de l’amour ? Plutôt une réalité plus brutale. La rupture fait de l’être aimé une obsession. Au jeu des corps, succède un jeu plus dangereux, « la Voie de l’Esprit », jeu plus cruel, où l’ivresse de la jungle aidant se réveille le tigre qui sommeille en chacun de nous. Magistral.
J.H.D. 

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