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Les Indestructibles de Brad Bird
Avec : les voix de Craig T. Nelson, Holly Hunter, Samuel L. Jackson, Jason Lee, Brad Bird

Woman ! Give me my suit !

M. Indestructible était autrefois un superhéros de légende. Il était, avec une poignée d’autres “supers”, le meilleur rempart contre le crime. Mais une vague de procès intentée par des personnes suicidaires “malencontreusement” sauvées contraignit le gouvernement à interdire aux “supers” de faire usage de leur pouvoir. Placé dans un programme de protection des témoins garantissant son anonymat, M. Indestructible se fait appeler désormais Bob Parr. Depuis il s’est marié avec Helen (anciennement Elastigirl), est père de trois enfants…et s’ennuie à mourir. Voir cet imposant et ventripotent quadragénaire se prendre la tête à deux mains derrière son bureau trop petit est révélateur. Il ne supporte plus l’aspect immoral de son métier (chargé de réclamations dans une compagnie d’assurances) ainsi que cette vie “normale”, synonyme de médiocrité. Aussi quand une mystérieuse femme lui demande de renfiler son costume, il saute sur l’occasion… sans se douter des dangers qui l’attendent.

Les indestructibles marque un tournant chez Pixar. Pour la première fois, le studio prend le risque de s’aventurer sur le terrain balisé des films de superhéros – on est loin du caractère inédit de Monstres & Cie ou Toy Story par exemple- et de mettre ainsi sur le devant de la scène des êtres humains. Ce n’est pas un hasard puisque c’est le premier film Pixar à ne pas être réalisé par un des pères fondateurs. Brad Bird vient de l’animation traditionnelle et s’est notamment illustré avec le remarquable Géant de fer. On retrouve certaines influences de ce film quand on observe le look de Bob et de Dash ou encore les différents robots armés, le tout baigné dans un environnement rétro-futuriste soulignant un attachement prononcé de Brad Bird pour les années 1950. Mais ce penchant se retrouve aussi dans l’histoire par les genres qu’il revisite : la sitcom familiale et les James Bond.

De ces deux parties résulte un formidable sens du timing associé avec un savoir-faire Pixar à la hauteur de sa réputation. Le studio repousse toujours plus loin les limites de la reproduction virtuelle (si les personnages sont très stylisés, certains traits comme les cheveux ou les nuances de peau sont impressionnants) sans perdre de vue que ce n’est qu’un outil au service du film. Ainsi la première partie s’attache à décrire avec réalisme le morne quotidien de cette famille de “supers” en jouant à la fois sur l’aspect sitcomesque de la crise de la quarantaine (Helen pense d’abord que Bob la trompe) et sur les mythes des superhéros (hilarante scène où Edna la costumière explique la dangerosité de la cape du justicier). En revanche la seconde partie, située dans une île tropicale habitée par un dangereux mégalomaniaque, s’emballe violemment pour atteindre un niveau d’efficacité proche de la perfection en empruntant le meilleur du jeu vidéo : le plaisir ludique d’exploration et de découverte ainsi que la sensation de vitesse vertigineuse.

Ce plaisir, déjà présent dans les précédentes productions Pixar, est poussé encore plus loin ici. Comme si, tels les pionniers du cinéma, Brad Bird et ses collaborateurs se devaient de retourner au pur cinéma d’émerveillement afin de mieux s’affirmer en tant que cinéma à part entière. Cette hypothèse est d’ailleurs confirmée par la raréfaction des traditionnelles citations cinématographiques. Enfin lorsque l’on sait que Pixar est sur le point de mettre un terme à sa collaboration avec Disney, on se dit que le studio pourrait bien remporter une double victoire non négligeable : celle de l’indépendance et de la maturité.
J.F. 

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