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Benjamin Gates et le trésor des Templiers de John Turteltaub
Avec : Nicolas Cage, Justin Bartha, Diane Kruger, Sean Bean, Jon Voight, Harvey Keitel

Le cynisme en héritage

Tout comme Indiana Jones et sa croix de Coronado, Benjamin Gates, archéologue et aventurier américain, a passé toute sa vie à chercher le légendaire trésor des Templiers. C’est en Arctique qu’il découvre que le premier indice menant au trésor est caché dans le document le mieux gardé au monde, la Déclaration d’Indépendance de son beau pays. Mais il s’aperçoit aussi que le financier de son expédition est une belle ordure et qu’il est prêt à éliminer la concurrence pour mettre la main sur le magot… La chasse est ouverte.

Comme à l’accoutumée, les productions Bruckheimer impressionnent par leur constance dans la débilité et l’exploitation de l’air du temps. Et quel meilleur exemple que ce produit cynique tentant de passer au mixer le meilleur de la saga Indiana Jones, les relents patriotiques déplacés du producteur, et le Da Vinci Code de Dan Brown. Jon Turteltaub, déjà réputé pour avoir commis les incunables Phénomène, Sale gosse, et Instinct (où Anthony Hopkins jouait l’anthropologue devenu fou parce qu’on l’avait séparé de ses amis les singes…si ! si !), se fond parfaitement dans le moule de tâcheron que Bruckheimer lui impose. L’ensemble est donc filmé sans inventivité aucune lors des scènes dites calmes et, pour les scènes d’actions –soit la majeure partie du film-, Turteltaub applique la méthode chère à son patron : caméra tremblotante, découpage de l’action à la machette, le tout martelé par la musique insupportable de Trevor Rabin (Armageddon, 60 secondes chrono, Les ailes de l’enfer… et la liste est encore longue !). Les comédiens, quant à eux, restent la meilleure preuve du manque de sincérité de l’entreprise avec, en tête, Nicolas Cage surjouant dans le registre de l’aventurier buriné au point de devenir involontairement une mauvaise imitation d’Elvis… Après sa catastrophique prestation avec Orlando Bloom dans Troie, Diane Kruger confirme qu’elle ne sait pas jouer mais le summum reste le bref tête à tête entre Harvey Keitel et Jon Voight, deux légendes vivantes, d’où rien ne sort, pas même l'amorce d’une scène correctement jouée.

Alors, on pourrait presque classer ce film dans la catégorie du nanard stupide mais inoffensif s’il n’y avait cette pensée persistante pour Les aventuriers de l’Arche perdue ou encore La dernière croisade, films doublement marquants par leur capacité d’émerveillement et pour ces idéalistes capables de renoncer à la gloire pour protéger l’Homme de sa propre folie. Là où la saga résolument américaine ne niait en aucun cas la splendeur des civilisations disparues et ce, jusqu’au bout du monde, le titre original de ce film National Treasure, trésor national donc, en dit long sur le côté hégémonique et légèrement puant de cette histoire de trésor de l’Humanité caché depuis 200 ans dans l’endroit le plus sûr du monde, Manhattan. Pour faire simple, les Etats-Unis, jeune pays sans histoire millénaire, se permet de rapatrier l’histoire mondiale sur son sol pour mieux sanctifier ses symboles comme la Déclaration ou les billets verts. D’ailleurs cette évocation de l’argent est encore plus sinistre avec cet épilogue où l’aventurier cuvée 2005 ne renonce plus à la gloire mais encore moins à la fortune en exhibant fièrement ses signes extérieurs de richesse, “potiche” incluse. Les temps changent…
J.F. 

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