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Torremolinos 73 de Pablo Berger
Avec : Javier Camara, Candela Pena, Juan Diego, Fernando Tejero

Bergman et moi

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le personnage principal de Torremolinos 73, Alfredo Lopez a bel et bien existé. Réalisateur d’un seul film tourné au début des années 70, il s’est illustré avec une étrange comédie érotique devenue culte en Scandinavie. Pour son premier film, Pablo Berger a donc choisi de raconter le parcours singulier de personnage incroyable incarné par Javier Camara (Benigno dans Parle avec Elle).

Alfredo vend des encyclopédies au porte à porte. Alors que les ventes s’effondrent, son patron lui propose un reclassement inattendu : tourner de petits films érotiques maison censés illustrer une encyclopédie scientifique sur la sexualité. Malgré quelques réticences, Alfredo et sa femme Carment acceptent et contre tout attente se prennent au jeu. Il se découvre une passion pour le cinéma d’auteur, elle veut un enfant à tout prix.

Dès les premières images, Torremolinos 73 surprend par sa capacité à reconstituer cette époque charnière dans l’histoire de l’Espagne. Au début des années 70, les derniers sursauts du Franquisme s’accompagnent paradoxalement d’une certaine libéralisation des mœurs dans un pays encore très puritain. On retrouve aussi les intérieurs psychédéliques et les pantalons patte d’éph mais aussi un sens du kitsch totalement assume.

Heureusement, le film de Pablo Berger ne se limite pas à ces quelques détails. Le cinéaste change rapidement de registre pour aborder des thèmes plus graves. Dans le rôle d’Alfredo, Javier Camara incarne de nouveau un personnage singulier qui semble vivre par procuration. Il délaisse progressivement sa femme pour un rêve fou, celui de réaliser son premier film sérieux, marchant sur les traces de son nouveau maître à penser Ingmar Bergman.

Sous les dehors d’une comédie loufoque – on ne peut oublier les conseils du couple scandinave sur comment tourner un film érotique -, Pablo Berger questionne le rapport de tout un chacun avec le cinéma mais plus sûrement livre une cruelle histoire d’amour. Elle se termine devant l’objectif d’une camera ou le couple se reforme pour réaliser ses rêves, un film pour lui, un enfant pour elle. Il faut un talent certain pour sublimer cette scène amère sans casser le fragile équilibre sur lequel repose la comédie. Pour son premier film Pablo Berger y parvient aisément, ce qui est la marque des plusgrands. Il ne reste plus qu’à espérer qu’à l’inverse de son personnage, il puisse tourner un second film.
J.H.D. 

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