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Au suivant ! de Jeanne Biras
Avec : Alexandra Lamy, Clovis Cornillac, Juliette Roudet, Jerry Rudes

AU SECOURS !!!

Dans la famille en élargissement permanent des trentenaires insatisfaits, voici la nouvelle venue : Joséphine dite Jo, directrice de casting. Comme ses consœurs dopées à Glamour et Cosmo, Jo est overstressed et overbooked, t’vois, son quotidien est traversé par des acteurs (forcément) ratés, des pubards (forcément) nébuleux et préoccupés par leurs cheveux sculptés, un squatteur (forcément) kosovar, voire même –attention originalité !- par un réalisateur américain égocentrique, cocaïnomane et avec le démon dans le slip (forcément ? Ben oui, forcément !)… Mais alors que sa vie sentimentale est au plus bas, elle rencontre Bernard, incinérateur de chiens un peu frappadingue, qui va bousculer un peu tout ça…

A l’origine, Au suivant ! était un court-métrage assez sombre où Isabelle Nanty campait une directrice de casting aussi pro dans son métier que larguée partout ailleurs. La pertinence du regard sur ce milieu n’était pas étrangère au parcours de Jeanne Biras qui fut pendant une quinzaine d’années une des figures de la profession en castant notamment pour Louis Malle, Arnaud Depleschin, Jean-Pierre Améris ou encore Alain Chabat. Pour son premier long-métrage, elle souhaitait “s’orienter vers une satire sociale axée sur les rapports de force au sein du travail” dixit le dossier de presse… Mais c’était sans compter l’influence extrêmement néfaste de la production, Europa Corp, studio fondé par Luc Besson. Toujours dans le dossier de presse, ce dernier aurait encouragé “avec finesse” (sic) le développement d’une intrigue sentimentale.

A l’arrivée, Au suivant ! est un film, pour le coup, totalement dépourvu de finesse et porte bien la marque méprisable de Besson dès lors qu’il a la prétention de faire rire : du lourd, du pesant, du pachydermique ! Le résumé parle de lui-même tant il est noyé par des clichés flirtant aussi bien avec la tentation misogyne que xénophobe. Mais Au suivant ! renouvelle l’adage des cordonniers les plus mal chaussés tant le choix d’Alexandra Lamy se révèle catastrophique. Incapable d’exister autrement que dans le registre de la pouffe hystérique, elle ne semble pas avoir compris que ce qui pouvait plus ou moins fonctionner cinq minutes tous les soirs avant le JT est au-delà du supportable pendant une heure trente. Quant à Clovis Cornillac, il a beau être un grand comédien, il ne peut pas toujours sauver un navire prenant l’eau de toute part… La pseudo romance de son personnage avec Jo ne peut pas être crédible et il est contraint comme la totalité du casting de partir en roue libre.

En définitive, Au Suivant ! confirme que Mensonge et trahisons (et plus si affinités) de Laurent Tirard était une heureuse erreur de parcours dans le département comédie de la maison Besson. Mais le film de Jeanne Biras va encore plus loin parce qu’avec ce côté jusqu’au-boutiste qui le caractérise, il pulvérise les limites du déjà bien gratiné Rire et châtiment pour devenir le fleuron estival d’un catalogue pourtant rempli en pépites neo-beaufs. Continuez, M. Besson, de sauver notre cinéma en fournissant des munitions pour les prime time de TF1, bientôt ce sera au tour de Claire Keim et d’Ingrid Chauvin de se sentir menacées.
J.F. 

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