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Les Seigneurs de Dogtown de Catherine Hardwicke
Avec : Emile Hirsch, Nikki Reed, Michael Angarano

Et la face du skate changea…

Le skate s’est lentement mais sûrement immiscé dans la culture américaine, passant de la simple citation opportuniste dans les années 1980 (se souvenir de Retour vers le futur) à l’authentique emblème urbain des auteurs underground (Larry Clark en tête). Au commencement de ce phénomène se trouvent trois gamins, les Z-boys, de Venice Beach qui ont révolutionné la discipline au milieu des seventies, en transposant les plus spectaculaires figures du surf dans un environnement fait d’asphalte et de béton.

Les seigneurs de Dogtown raconte sur plusieurs années l’évolution de Jay Adams, Tony Alva et Stacy Peralta (scénariste du film et auteur de Riding Giants, le meilleur documentaire sur le surf à ce jour). Catherine Hardwicke (Thirteen) surfe entre deux eaux tant elle veille scrupuleusement à ne pas choisir entre le biopic hollywoodien et le film-somme indie. Ce parti-pris s’étend au casting qui aligne John Robinson, l’ange blond de l’expérimental Elephant, Victor Rasuk, remarqué dans le new yorkais Long Way Home et enfin Emile Hirsch, habitué aux films de studio. Du biopic, la réalisatrice retient la chronologie en trois actes : formation de l’équipe autour de la figure du mentor (ici un hippie attardé interprété par Heath Ledger) ; puis, reconnaissance publique du trio, de sa contribution en matière d’innovations techniques, à la fois artistes et gardiens de la skate attitude ; et enfin, torpillage de l’amitié et des idéaux par l’argent, conduisant à la fin d’une certaine innocence. La mise en scène, quant à elle, se montre beaucoup plus white trash dans son utilisation des grands angles, des caméras embarquées sur les planches, sa lumière naturelle et ses couleurs aussi saturées que contrastées…sans toutefois atteindre les sommets nécessaires pour que Les seigneurs de Dogtown soit au skate ce que Point Break de Kathryn Bigelow était au surf : une fusion par la mise en scène sous adrénaline de deux genres pas si éloignés (le sport extrême et le polar urbain dans ce cas précis).

La plus grande force réside curieusement dans le plaisir presque candide d’assumer pleinement ces conventions, comme si Catherine Hardwicke avançait en territoire vierge. D’où un sentiment revigorant de modestie qui rend l’ensemble très attachant. L’initié peut ainsi trouver son compte devant les codes de son milieu et le novice sera sans doute autant séduit par ce schéma narratif simple et efficace qu’impressionné par la fraîcheur de certaines scènes transpirant l’insouciance et le bonheur adolescents, tels ces empty pool sessions où nos héros s’aventurent dans les courbes extrêmes des piscines asséchées des quartiers résidentiels.

Enfin Les seigneurs de Dogtown s’avère être une radiographie étonnante de Venice Beach, véritable no man’s land en bord de mer, à la fois électrisé par sa jeunesse et contaminé par la misère et les gangs. La meilleure des échappatoires reste alors la fuite sur une planche, accompagnée par Jimmy, Iggy, Ziggy et les autres pour la bande-son. Un des bonnes surprises de Juillet par sa simplicité, assurément.
J.F. 

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