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Syriana de Stephen Gaghan
Avec : George Clooney, Matt Damon, Chris Cooper, Jeffrey Wright, Mazhar Munir, John Hurt

Or noir

Des bédouins marchent dans le désert sous une chaleur étouffante. Ailleurs, en coulisses, des hommes se partagent l’exploitation des réserves pétrolières des monarchies du golf, dictant au passage la politique étrangère américaine. La prouesse du premier film du scénariste Stephen Gaghan réside dans le mouvement de la mise en scène où ces histoires et bien d’autres, visibles et invisibles se rejoignent.

Pour arriver à un tel résultat, le cinéaste utilise un procédé qui a déjà fait ses preuves dans Traffic dont il avait signé le scénario. Il décrit l’ensemble de la chaîne, politiciens, juristes, hommes d’affaires, émirs, espions, opérateurs de marchés… Tout part d’une monarchie du Golf vieillissante. Le prince héritier du trône tente de s’affranchir de l’influence croissante des compagnies pétrolières américaines en offrant à leurs rivales chinoises une concession. Les répercussions seront énormes : fusion entre deux groupes pétroliers américains, tentative de déstabilisation du régime.

Au milieu de cette partie de poker, un agent de la CIA lâché par hiérarchie tente de sauver sa peau. Ce n’est pas un hasard si un Georges Clooney fatigué lui prête ses traits. Après Goodnight & Good Luck, l’acteur réaffirme un peu plus ses convictions avec ici la dénonciation d’une politique qui sous couvert de remodeler un Proche-Orient pacifié et démocratique sert avant tout les intérêts d’une minorité d’affairistes au détriment de la majorité des citoyens américains.

Avec une maîtrise saisissante, Stephen Gaghan multiplie les sous intrigues, toutes crédibles : le parcours d’un avocat idéaliste qui cède aux sirènes de la corruption, la frustration d’un jeune musulman qui devient kamikaze. Finis l’idéalisme et l’humanisme, tout se monnaye dans Syriana, même la vie d’un enfant, comme le fait remarquer sèchement un père foudroyé par la perte de son fils, à l’émir qui cherche à s’attacher ses services. Le terme en lui-même Syriana désigne le projet néo conservateur de remodelage du Moyen-Orient. Un fantasme. L’argent corrompt les hommes et réduit à néant leurs rêves d’un idéal démocratique.
J.H.D. 

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