sommaire cinéma
@ chroniques de films
articles

Inscrivez-vous à la newsletter PurJus

chroniques cinéma


Etre sans destin de Lajos Koltai
Avec : Marcell Nagy, Aron Diméy, Tibor Mertz, Béla Dora, Balint Pentek

Grandir dans les camps

Imre Kertesz a rédigé le scénario de cette adaptation de son roman publié en 1975. A travers son expérience personnelle de l’univers concentrationnaire, Etre sans destin suit le cheminement d’un adolescent déporté dans le camp de Buchenwald. Travail forcé, surmortalité, arbitraire des bourreaux nazis, le film du chef opérateur Lajos Koltai reprend ces images que l’on a déjà vues ailleurs mais offre une vision éprouvante car elle épouse au plus près le point de vue du personnage principal.

L’usage d’une image sépia condamnée par une partie de la critique bien-pensante pour laquelle il n’existe aucune représentation de la Shoah hors du champ documentaire n’est pas un vulgaire artifice. Au contraire, elle traduit la nécessité de se rattacher à une certaine douceur dans ce monde impitoyable, un univers de souffrance qui marque autant les corps que les esprits. On peut par contre discuter la partition grandiloquente de Ennio Morricone même si elle offre au film l’une de ses plus belles scènes : alignés en rangée, les prisonniers doivent se tenir debout pendant de longues minutes, les plus faibles incapables de se redresser étant automatiquement envoyés à la mort. Les notes du compositeur italien résonnent ici comme une pulsion de vie indestructible, un fol espoir, la promesse d’un monde meilleur après la guerre pour les survivants.

Ce monde meilleur, un sergent de l’armée américaine le propose au jeune héros du film, proposition finalement rejetée par l’adolescent. Le film épouse sans la nommer ainsi la trajectoire de l’écrivain Prix Nobel, son enfance volée par les nazis, son identité brisée. Il ne s’agit en rien d’esthétiser les camps mais de montrer comment après tant d’horreurs, la vue d’un coucher de soleil à travers les barbelés d’un camp peut réconforter. Un jour de plus, un nouveau jour qui se lève, une page sombre qui se tourne mais une souffrance qui ne vous quitte jamais.
J.H.D. 

< autres chroniques



Copyright 2000-2024 PurJus.net - <redac [AT] purjus [POINT] net> [*]
([*] veuillez supprimer les espaces pour former l'adresse mail réelle, merci -
ceci est fait pour lutter contre les collecteurs automatiques d'emails -
anti-spam)