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Héroïne de Ann Scott, Flammarion
 
Ce qui est bien avec Ann Scott, c’est qu’elle ne nous déstabilise pas (plus). Héroïne se veut visiblement plus personnel que ses précédents romans. La bonne question à se poser aurait été de savoir si c’était possible, sachant que le culte Surperstars transpirait d’autofiction et que le joli Poussières d’anges virait carrément autobiographique. Ann Scott, elle, ne se l’est pas posé. Elle a eu de prime abord raison : on retrouve dans Héroïne l’univers mental de Superstars, fait d’addictions, à la drogue comme à l’amour.

L’histoire est très simple : la narratrice n’arrive pas à oublier une de ses mémorables ex, plus jeune qu’elle, dévastée par la came, et qui a surtout le don de revenir en fanfare pour disparaître sans mot dire. Ce qui trouble, perturbe, agace, travaille, énerve, bref, use notre protagoniste. Et nous aussi, par la même occasion. Et c’est là où Ann Scott a finalement eu tort.

Car la métaphore est un peu trop filée: amour = drogue = manque = souffrance = héroïne. Sur 210 pages de coups de fils, de messageries, de textos, d’attente, d’achats au BHV, de va et vient dans la forêt, etc, ça fait long.

Long, mais pas chiant, car il apparaît une fois de plus que l’auteur est sympathique. Un peu trop même : on pensait déjà qu’Ann Scott était quelqu’un de bien, mélomane, avec un sacré vécu, cette guerre contre la drogue, bla bla bla. Après avoir lu Héroïne, on n’éprouve plus seulement de la sympathie mais de la compassion pour elle.

La rédaction du roman a en effet du être éprouvante, puisque Ann Scott en arrive à se poser des questions du genre : « Etait-ce de l’amour, ou t’es-tu simplement retrouvée prise dans le grand mensonge des sentiments ? », et à errer dans une nature salvatrice. Quelle déception, d’imaginer le physique mi-lolita, mi-fantomatique d’Ann Scott, en train de marcher seule dans la forêt, divaguant sur la vie, la mort, et le téléphone. Du coup, on oublie LE thème du livre : la passion.

Pourtant, tout y mène : le récit est à la deuxième personne mais se lit comme à la première personne (tu te lèves le matin, tu souffres, tu attends qu’elle t’appelle, et c’est reparti pour un tour), et on pourrait même y voir, à force, une sorte de litanie. Litanie effectivement obsessionnelle autour de cette jeune femme, Iris, qui n’est autre que la Ines de Superstars. Mais on n’arrive pas à ressentir cette fameuse passion dévastatrice. Alors oui, répétons-le, on aime bien Ann Scott, mais ça ne suffit pas à trouver ce livre réellement nécessaire, ou valable…

En fait, c’est comme si on retrouvait la famille, mais avec encore quelques années de plus dans la tronche. Dur.

Editions Flammarion, 209 pages, 15 euros
 

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