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La Belle Vie de Jay McInerney, L'Olivier
 

Un couple parfait

Il ne voulait plus écrire. Passé le choc du 11 Septembre, Jay McInerney est pourtant revenu à l’écriture mais ce ne fut pas si simple, le roman n’est sorti que l’année dernière aux Etats-Unis. Pour son retour, l’auteur retrouve ses personnages favoris, Russell Calloway et Corrine Makepiece. Il travaille toujours dans l’édition, elle a abandonné son poste auprès du procureur de New York pour élever leurs deux enfants.

Ils ont quitté Manhattan et ses excès pour Tribeca mais les fantômes du passé les rattrapent comme le souvenir de leur ancien ami Jeff Pierce. A l’approche de la cinquantaine, ils se remettent en question, portés par le contexte de l’après 11 Septembre. Corrine tombe ainsi amoureuse de Luke, un ancien banquier d’affaires, rencontré un soir près de Ground Zero parmi les sauveteurs et autre bénévoles anonymes déterminés à sauver ce qui peut encore l’être…

Passé le plaisir de retrouver Corrine et Russel, La Belle Vie permet de découvrir des facettes insoupçonnées du talent de Jay McInerney. L’auteur signe ici un roman d’une grande maturité et d’une certaine complexité. Il renonce ainsi aux clichés, à la peinture des excès de Manhattan qui a fait sa réputation. Toujours présent, Washington Lee ne boit plus un verre. Bernie Melman n’étale plus sa fortune pourtant démultipliée.

Plus ambitieux, le livre se focalise sur le couple rêvé, formé par Corrine et Luke, deux personnages durement touchés par le 11 Septembre. Alors que l’ancienne vedette de la Finance perd son meilleur ami dans le drame, Corinne prend conscience de sa fragilité, des dysfonctionnements de son mariage. Son mari la trompe, elle a dû utiliser les ovules de sa sœur immature Hilary pour devenir mère.

Luke et Corrine ne se reconnaissent plus dans la ville meurtrie. Les habitants affichent une solidarité de circonstance, les mêmes problèmes restent sans réponses : laissés pour compte, drogue, adultère. Jay McInerney refuse tout sentimentalisme, ses personnages ont leurs petites mesquineries qui paradoxalement les rendent plus proches de nous. Difficile de se relancer ce 12 Septembre 2001.

Tout en retenue, Jay McInerney renonce à décrire le drame. Il faudra se contenter d’une brève évocation de Luke bouleversante de sincérité d’où émerge une très belle femme comme jaillie de la poussière et de la fumée, une femme sans visage à laquelle Corrine finit par prêter ses traits pour donner à l’univers de Luke un nouveau visage plus apaisé.

Nouveau départ. Corinne et Luke veulent y croire. Jay McInerney aussi mais ce couple ne peut se défaire des habitudes, du poids des histoires familiales. Au fond, New York sera toujours New York et Jay McInerney le peintre virtuose des excès mais aussi des blessures et des doutes d’une ville qui même meurtrie, continue au plus profond de son sœur d’illuminer le monde.

Editions de L'Olivier, 424 pages, 22 euros
J.H.D. 

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