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Beau Rôle de Nicolas Fargues, P.O.L.
 

Imposture

Jeune, beau, célèbre, Antoine McPola se la pète. Après tout pourquoi s’en priver ? En un film artistiquement discutable mais au succès colossal, White Stuff, ce jeune comédien est devenu l’un des acteurs les plus en vue du cinéma français. Mais en a-t-il réellement profité ? A l’heure des premiers bilans, Antoine s’interroge et se demande s’il ne s’est pas laissé porter par la vague d’un succès éphémère. Il aimerait jour dans des films d'auteur plus exigeants pour relancer sa carrière mais aucune porte ne s’ouvre d’elle-même. Comme tout le monde, Antoine doit passer des auditions. Au cours de l’une d’elle, il fait la connaissance d’Aliénor Champlain, une actrice insaisissable qui l’attire alors qu’il se remet difficilement d’une rupture douloureuse. Mais avant de choisir, Antoine doit d’abord retourner auprès des siens…


L’écriture faussement décontractée de Nicolas Fargues masque difficilement le malaise de son héros. Dans les mots de l’écrivain se lit l’amertume d’un homme qui ne sait plus trop où il en est, qui se sent coupé des siens, privé de repères. Habile, Nicolas Fargues ne révèle pas tout de suite les origines métissées de son héros afin de laisser au lecteur le temps de s’identifier à lui. L’homme se sent obligé de jouer un rôle, celui de la star inaccessible devant des gens ordinaires ou celui du bon métis intégré devant ses proches installés depuis toujours dans une ancienne colonie et qui vivent encore avec le poids de ce passé. Antoine avoue son malaise de ne parvenir à comprendre son frère Thomas qu’au prix d’un effort d’autosuggestion et non pas parce qu’il lui ressemble.

La question de l’identité et des origines travaille le livre dans son ensemble. Invité par Mélikian, Antoine commente le film Collision devant un parterre de lycéens méfiants mais disposés à débattre du film de Paul Haggis. De retour aux Concordines, il s’aperçoit que ses frères acceptent sans états d’âmes particuliers de travailler pour David, un expatrié d’origine belge. Blanc ou noir, son monde ne connaît pas la nuance et fait tout son possible pour le cantonner à une case. La fin de son voyage ne lui apportera aucun réconfort si ce n’est la désagréable impression qu’il lui faut désormais vivre avec le sentiment de n’être qu’un imposteur, un acteur doué apt à prendre part à la sinistre comédie de notre époque.

Editions P.O.L., 274 pages, 18 euros
J.H.D. 

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