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Camarades de classe de Didier Daeninckx, Gallimard
 

Chers Camarades

Camarades de classe s’inscrit dans un contexte sociologique très contemporain. Didier Daenincks évoque le climat social morose mais surtout les derniers développements de l’Internet. Des sites comme camarades-de-classe.com, il en existe des dizaines. Ils permettent de renouer avec des vieilles connaissances, amis d’enfance ou camarades perdus de vue depuis la fin des classes.

Cadre dans une grande multinationale du secteur pharmaceutique, François approche péniblement de la soixantaine et redoute plus que jamais d’être la prochaine victime des plans de restructuration en cours dans son entreprise. Miné par son travail, il ne remarque pas un banal courrier électronique qui l’invite à renouer avec ses anciens camarades de lycée. Sa femme Dominique saisit l’occasion pour en apprendre un peu plus sur son mari et découvrir ce que sont devenus ses amis. Ils ont connu des fortunes diverses…

Didier Daeninckx rend ici un vibrant hommage à la banlieue rouge qui a servi de théâtre à nombre de ses récits policiers. A la fin des années soixante, le parti communiste français dirigeait de nombreuses villes de la région parisienne et utilisait ce levier pour diffuser ses idéaux. Les retrouvailles de ces anciens camarades interviennent à une époque où cette influence a quasi disparu. Les plus moqueurs parlent même de musée. François, lui n’oublie pas la visite à l’usine et les conditions de travail très difficiles des ouvriers qui l’ont décidé à poursuivre ses études.

Didier Daeninckx décrit également la difficile cohabitation des communistes avec les enfants de mai 68, une confrontation à travers laquelle se dessine le déclin du parti progressivement coupé de sa jeunesse. Chercheur, chanteur, policier ou simple clochard, les camarades de classe ne portent pas le même regard sur ces années lycée mais tous gardent la même nostalgie pour l’époque et une communauté très solidaire.

Le roman offre néanmoins un semblant de suspens, Didier Daeninckx faisant planer le doute sur l’identité du mystérieux Armhur Tarpin qui s’amuse à chambrer ses anciens camarades, une énigme facile à résoudre pour le lecteur attentif. La photo de classe recèle néanmoins un secret bien plus inavouable, une énigme qui ne sera résolue qu’une fois les camarades réunis pour une nouvelle photo de classe, histoire de pimenter la lecture de ce petit roman ingénieux et de donner à ses lecteurs l’envie de le relire.

Editions Gallimard, 167 pages, 15.9 euros
J.H.D. 

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