Chroniques littéraires

chroniques littéraires

L'Obéissance de François Sureau, Gallimard

Exécuteurs des basses œuvres

Mars 1918. La grande guerre fait rage mais les relations diplomatiques de la France doivent être préservées. A la demande des autorités belges, le gouvernement français envoie à Furnes le bourreau de Paris et sa guillotine afin de procéder à l’exécution d’un condamné à mort. La mission s’annonce difficile puisque Furnes se situe en zone d’occupation non loin d’une ligne front, au moment où les allemands préparent un dernier assaut pour s’assurer une victoire définitive sur les alliés. La République peut néanmoins toujours compter sur ses serviteurs les plus zélés…

François Sureau s’inspire de faits réels pour livrer une réflexion vertigineuse sur le devoir d’obéissance et ceux qui s’y conforment. Le livre alterne plusieurs récits où chaque narrateur fait part de son expérience. Les messages échangés avec les autorités françaises révèlent un profond mépris pour la nature humaine, facilement corruptible à l’image de Deibler ou docile à l’image des soldats envoyés au front. Les hommes cruels qui gouvernent sans état d’âme le pays en guerre peuvent prétendre à une distinction militaire sans rien connaître du front et de ses horreurs. Tout se joue en coulisses dans les non-dits. Certains se distinguent avant tout par leur cynisme révélateur d’un profond malaise. Cette guerre que tous appelaient de leurs vœux s’est transformée en une véritable boucherie amorale. Ils essaient de se justifier mais ne peuvent rien face à l’écriture limpide de François Sureau. Les circonstances révèlent brusquement la véritable nature de ces hommes parachevant la vision désespérée qui émane de ce roman glaçant.

Editions Gallimard (Folio), 147 pages, 5 euros

J.H.D.

> autres chroniques

Copyright 2000-2024 PurJus.net - <redac [AT] purjus [POINT] net> [*]
([*] veuillez supprimer les espaces pour former l'adresse mail réelle, merci -
ceci est fait pour lutter contre les collecteurs automatiques d'emails -
anti-spam)