Chroniques littéraires

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L'homme est un grand faisan sur terre de Herta Müller, Gallimard

Il y les romans intemporels, classiques instantanés qui feront toujours écho à l’humanité enfouie en chacun de nous et les romans d’une époque qui ne peuvent se lire que dans un contexte bien déterminé. Ce livre de Herta Müller, récente lauréate du prix Nobel, appartient évidemment à cette dernière catégorie. Son action se déroule à une époque qui n’existe plus, celle d’une Roumanie écrasée par le camarade Ceaucescu et où vivait une importante minorité germanophone.

Dans un petit village de campagne, l’intrigue chorale cerne le désarroi des habitants d’un petit villageois soumis à l’arbitraire du pouvoir central communiste. Ils aspirent tous en secret à récupérer un passeport qui leur permettra de passer à l’Ouest. A l’image du contexte, l’écriture de Herta Müller apparaît extrêmement datée. Le livre se présente comme une succession d’anecdotes qui dessine le portrait peu reluisant d’une campagne roumaine pauvre et hantée par toute sorte de superstitions d’un autre âge. Cela ne suffit pas à construire un récit. Pire, Herta Müller ponctue le roman d’étranges allégories qui alourdissent la lecture. Elle se complaît à souligner la bêtise des villageois, leur racisme, leur machisme et surtout la corruption qui atteint même leur conscience. Après tout, comme l’explique la femme du meunier Windisch l’important c’est notre passeport, pas la honte. En décernant son prix à Herta Müller l’académie Noble a donné un peu d’écho à un écrivain méconnue. Un choix louable sauf qu’à la lecture de ce roman insignifiant, on se dit qu’il y avait sûrement des choix plus judicieux.

Editions Gallimard (Folio), 124 pages, 5.60 euros, Prix Nobel de Littérature 2009

J.H.D.

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