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Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, Editions de l'Olivier
 
En galère

Cela a commencé par l’effondrement des crédits subprime. Puis vint la contagion aux banques européennes, l’assèchement du crédit, l’explosion du chômage et la baisse du moral des ménages. Depuis deux ans, la crise occupe tous les esprits. Un terme générique, presque vague qui ne permet pas d’appréhender la réalité sur le terrain. Pour répondre à cette question, Florence Aubenas est partie enquêter dans une ville de province et s'est fait passer pour une demandeur d’emploi sans la moindre qualification. Le Quai de Ouistreham relate cette expérience difficile avec en arrière fond une situation économique et sociale alarmante.

Quand Florence Aubenas arrive dans la région de Caen, elle ne s’attend pas à une partie de plaisir. La réalité dépasse son imagination. On ne lui propose tout simplement pas d’emploi. Seules les personnes qualifiées de zéro risque peuvent encore espérer se reclasser. La journaliste doit alors se rabattre sur les postes de femmes de ménage et découvre la réalité effarante d’emplois sous-payés, d’heures dispersées à n’importe quel moment de la journée. La journaliste n’est pas loin d’être démasquée quand elle se demande pourquoi il faut perdre deux heures de déplacement pour travailler une heure. Là-bas, loin de Paris, il faut travailler à n’importe quel prix pour ramener l’argent qui manque toujours. Les familles font des économies sur tout, la nourriture et même la santé.


En immersion totale, Florence Aubenas finit par se fondre dans la masse de ces anonymes. Elle fait bientôt face aux mêmes problèmes (se déplacer, la fatigue…) et découvre les coulisses d’une ancienne région industrielle. Les usines ont fermé les unes après les autres. Les syndicats impuissants n’ont rien pu faire pour enrayer la lente mort du tissu industriel. Aujourd’hui, ils suscitent la défiance comme les homes politiques. Ici la crise n’a pas commencé en 2008. Elle dure depuis bien longtemps mais n’a toujours pas entamé l’immense solidarité de ces classes populaires, seule note d’espoir de ce témoignage au réalisme cruel. Aujourd’hui, certains experts annoncent déjà la fin de la crise alors que sur le terrain rien ne s’améliore. Ce déni du réel montre à quel point la démarche de Florence Aubenas est précieuse et salutaire.

Editions de l'Olivier, 269 pages, 19 euros


 

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