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W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec, Galliamrd (L'Imaginaire)
 
La peur du Wide.

W ou le souvenir d’enfance s’articule autour de deux récits alternés, parfois disjoints parfois très proches. Dans le premier largement autobiographique, l’auteur de la Disparition tente de se réapproprier les premières années de son existence, brisée par « l’Histoire avec sa grande hache ». Dans le second récit, un homme se lance sur les traces d’un enfant disparu ce qui le conduira sur une île mystérieuse, W, un univers concentrationnaire voué au culte du sport…

La grande force du livre tient à la complémentarité des deux récits, une complémentarité de plus en plus évidente au fil des pages, (l’évocation de Gaspard Winckler dans le premier, les références aux allemands dans le second…). Il s’agit d’une écriture de soi thérapeutique mais l’auteur ne parvient que difficilement à guérir ses blessures. La souffrance ne réside pas uniquement dans la violence, ou la perte d’une mère, mais bel et bien par l’oubli, l’impression de vide laissée par la guerre (« Je ne sais où se sont brisés les fils qui me rattachent à mon enfance »). Les lois de W donnent alors une horrible résonnance à cette négation de l’individu que le vide symbolise. George Perec construit sur l’île de la Terre de feu, un univers effrayant car il apparaît trop proche de nous, « surtout que les fascistes de Pinochet se sont chargés de donner à mon fanstasme une ultime résonnance. » L’auteur livre une vision pervertie de l’esprit olympique (reprise par les Dieux du stade, un film de commande nazi de Leni Riefenstahl), avec de nombreuses réminescences aux camps de la mort (la perte de nom, la peur qui vient de l‘arbitraire…). Mais avec d’autres détails comme les executions sommaires dans les stades, des images de mort qui renvoient à d’autres totalitarismes (les talibans), le souvenir de W n’est pas près de s’effacer.

Editions Gallimard, (L'Imaginaire), 224 pages.
J.H.D. 

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