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Heureux comme Dieu en France de Marc Dugain, Gallimard
 
Le fantôme de la liberté.

« Je ne sais pas si on se souviendra de moi. Je n'ai rien fait pour que ce soit le cas. ». Pourtant, le second livre de Marc Dugain imprime durablement sa marque, celle d’un roman à la construction implacable, une évocation sans concession d’une partie sombre de notre histoire.

Heureux comme Dieu en France relate le parcours de Pierre, un jeune homme jeté sur les sentiers de la guerre et incorporé dans la Résistance par les convictions d’un père communiste. Déchu de son identité à la suite d’un faux décès, il découvre au fil des opérations, la vie, l’amour en la personne d’une jeune résistante Mila, et très vite la mort au cours de missions de plus en plus risquées. Il intègre bientôt un bar de la côte Atlantique avec pour mission de renseigner la marine britannique sur les sorties de sous marins de la Kriegsmarine, cet espace dans lequel « les prédateurs et leurs proies se mélangeaient dans une promiscuité qui pouvait a tout instant sombrer dans le carnage ».

D’une facture très classique ce livre décrit donc le récit très réaliste et documenté des années de maquis de son jeune héros. Marc Dugain s’appuie sur une narration originale, forte et condensée, apportant de nouveaux éclairages sur la seconde guerre mondiale. Tout y est reconstitué avec soin, de la monstruosité des bourreaux (« Pour les allemands, ces gars la n’étaient pas des hommes de simples terroristes. D’où la difficulté de les faire mourir en homme. Alors pourquoi pas en lapins ? »), « leur satisfaction du devoir accompli » , aux jeux de faux semblants en passant par « l’envie de vivre plus forte que l’appétit de la gangrène ».

Marc Dugain rend un bel hommage à tous ces anonymes qui ont risque leur vie, leur sens du sacrifice. A travers le destin de Pierre, apparaît en filigrane le portrait d’une vie volée, la perte de la femme aimée et l’incapacité de se réintégrer dans la vie sociale,
« déprimé comme si la libération me privait de ce qui avait ete ma raison de vivre pendant trois ans». L’auteur de la Chambre des Officiers ne se prive pas non plus de fustiger l’hypocrisie de ses compatriotes, et « la France des récupérateurs ». Drôle, intelligent et parfaitement maîtrise, un roman que l’on oublie pas.

Editions Gallimard 203 pages, 15.50 euros
J.H.D. 

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