chroniques de disques
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the Mountain Goats "Thallahassee" (4AD/Naïve) |
Depuis 91, John Darnielle a multiplié les projets, les labels et s’est tout naturellement
créé une discographie tellement tentaculaire qu’il a dérouté nombre de ses fans n’arrivant
plus à suivre ou simplement à mettre la mains sur ces galettes précieuses de folk
lo-fi. "Anybody who can’t write 10 songs in a year is not a songwriter. And anyone
who can't write 20 isn't working hard enough.", dixit John Darnielle. Je vous laisse
faire le compte. Thallahassee est ainsi seulement le troisième véritable album de Darnielle sous le nom the Mountain Goats, et cette fois il signe chez le grand 4AD ! La signature coïncide également avec l’abandon (temporaire ?) de son équipement d’enregistrement de prédilection : un simple boombox Panasonic double-cassette. Pourtant Darnielle n’a pas cédé aux sirènes des Pro Tools ou autres artifices des studios modernes, restant fidèle à sa bonne vielle guitare acoustique et à son alter-ego Peter Hugues. Thallahassee n’est pas à proprement parler une compilation, car les titres sont des originaux, mais Darnielle a essayé de regrouper sous un même concept-album toutes les précédentes histoires de son couple américain témoin/modèle fétiche : le couple Alpha. Darnielle semble s’impliquer volontiers dans la narration employant la première personne du singulier, sans qu’on puisse réellement statuer sur lequel des deux protagonistes il adopte le point de vue. Est-ce de vous, de nous dont il parle ? Elle, lui, moi ?... Le style très métaphorique de Darnielle est précis, pertinent et jamais dénué d’humour. Il faut le dire et le saluer : Darnielle est un homme de lettres qui sait écrire sur lui comme pour les autres. (vous trouverez sur internet certains des articles qu’il publie en tant que critique musical ou bien pour son propre site www.lastplanetojakarta.com ). Au fil des écoutes de Thallahasse la silhouette d’un autre songwriter se précisait, celle de Jonathan Richman. Bien sûr, les deux ne partagent pas tout à fait le même style musical, le dernier étant plus rock que folk, mais ils possèdent cette sensibilité et cette qualité d’écriture qui rendent les compositions immédiatement accessibles. Au sujet de Richman, Sylvain Vanot avait rapporté une anecdote dans une interview : une fillette serait venu lui demander à la fin du concert s’il faisait les mêmes chansons pour les adultes ! Darnielle lui-même avait l’habitude de faire parler les animaux et travaille dans la vraie vie avec des enfants ayant des problèmes émotionnels et psychiatriques. La clé serait donc là ? Expliquer aux enfants les réalités de la vie de couple, la fatigue de l’amour, les problèmes de communication, les crises de colère, l’alcool pour oublier les disputes, tout ceci sur un ton doucement ironique et imagé. Une piste possible en tout cas. Les influences américaines sont indéniables et s’éloignent même du folk pur sur le Cake-esque "See America Right" ou "International Small Arms Traffic Blues" qui fait penser aux new-yorkais d’AM 60, mais Thallahassee a personnellement attisé mon impatience de retrouver dans les bacs les nouveaux bébés d’I Am Kloot ou Jesse Vernon de Morning Star. Thallahassee est sincèrement un album séducteur et intelligent qui allégera votre discothèque du pathos des Tom McRae et consorts.
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