chroniques de disques
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April March "Triggers" (Tricatel/Naïve) |
Comme de bien entendu, le troisième album d’April March sort en February… Et en ce
début d’année, il doit être bien dangereux d’être une américaine francophile. Heureusement
Elinor Blake est courageuse. Hasard ou coïncidence, l’album s’appelle Triggers comme pour suggérer une autre issue au conflit que cherche à nous imposer sa patrie belliqueuse. April March, elle, a choisi les fleurs plutôt que les balles comme dans l’image populaire des pacifistes. « L’amour pas la guerre », tellement naïf et pourtant d’une évidence révoltante. Mais revenons si vous le voulez bien à cet album. Une fois encore, April March s’est associée à notre Burgalat national, en sa qualité de compositeur, arrangeur, producteur et musicien. La patte distinctive de Bertrand se retrouve sans équivoque : des arrangements électroniques synthétiques luxueux et flamboyants comme lui seul aujourd’hui sait encore les faire (et les maîtriser !) avec goût et justesse. Avec Triggers Bertrand et Elinor ont cristallisé la symbiose de leurs douces mélancolies (la photo, au dos du disque, d’April March assise dans les bois ne rappelle-t-elle pas la pochette du dernier album de Burgalat, allongé en chemise pantalon sur une plage brûlante de soleil ?). Appuyé également par le meilleur backing band parisien, AS Dragon, Triggers rappelle à notre bon souvenir les grands moments de la pop française des années 60 – mais revisitée dans une perspective résolument plus moderne que le revival 80’s qu’on essaye de nous vendre depuis quelques temps–, les musiques de film mi-blaxsploitation mi-sci-fi (les séquences instrumentales du Cœur Hypothéqué sont grandioses, ou encore Necropolis) ou la sensibilité enfantine d’un Brian Wilson (Coral Bracelet). Bertrand Burgalat a trouvé en Elinor Blake son Allison Goldfrapp (la pochette !) à lui, car même si les paroles sont de la belle américaine, la musique est immédiatement reconnaissable et directement complémentaire du travail de Burgalat en solo de son dernier album The Sssound of Mmmusic ou bien avec AS Dragon (l’instrumental éponyme Triggers est au moins aussi jouissif que leur reprise de Tears of a Clown de Smokey Robinson). La voix sucrée et innocente d’Elinor est le parfait glaçage pour la musique sensuelle de Burgalat. Les détracteurs de Tricatel qualifieront encore une fois cet album de Neo-kitsch risible. Dommage, ils ne se seront pas donné la chance d’entendre ces bijoux précieux que sont Que le Soleil Soit Maudit ou le chevaleresque Zéro Zéro. C’est injuste de ne retenir qu’un ou deux titres, délectez-vous de tous ! Merci encore Bertrand de ta persévérance dans tes choix artistiques, c’est à chaque fois un plaisir. Et une bise à Elinor de notre part.
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