chroniques de disques
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Béatrice Thiriet "Fortune Cookies" (Les Disques du Crépuscule / PIAS) |
"Fortune Cookies" n'est pas vraiment le genre de disque qu'on a l'habitude de chroniquer
dans ces colonnes mais l'expérience de son écoute me fut tellement agréable que je
ne pouvais pas ne pas lui offrir la modeste exposition dans nos pages. Béatrice Thiriet
est une pianiste de formation classique qui s'est tournée rapidement vers la composition,
et s'est illustrée dans le cinéma d'Art et d'Essai français. Voilà pour l'artiste,
parlons maintenant musique. "Fortune Cookies" est un développement instrumental au
piano autour des 4 saisons, du printemps à l'hiver. Ce fil conducteur s'enroule autour
de 4 haïkus japonais, accompagnant par un mot, une ponctuation, les images furtives
qui fleurissent des touches. Car il s'agit avant tout d'images, témoignages ou bien
fantasmes, que Béatrice Thiriet délivre à nos oreilles romantiques. Certaines pièces
de Debussy ont sans doute été créées dans le même esprit : un œil ou bien l'estival Number 8 rappelle Reflets dans l'eau des somptueuses et bien nommées "Images" ou les Pagodes du recueil "Estampes" du grand Claude.
Il serait bien vain de nier l'héritage des pièces modernes pour piano de la fin du
19ème-début 20ème dans la musique de Béatrice Thiriet mais elle va plus loin en approchant
l'instrument d'une manière aussi mélodique que quasi tortionnaire : sur voici l'automne on jurerait entendre des cymbales qui s'entrechoquent. Elle montre
de la plus juste des manières à quel point le piano est un des rares instruments à permettre l'expression de tant d'émotions et couleurs, du ton le plus fanfaron
au plus discret filet mélodique en passant par l'instabilité auditive que crée l'indépendance
des mains gauche et droite sur feuilles d'or par exemple. Un affaire de poésie
en somme, une poésie "naturaliste" comme elle le dit elle-même. N'y entendez surtout
pas un ton péjoratif mais pour moi "Fortune Cookies" est un disque du soir, un disque
pour dormir, un disque qui vous sème des graines de rêves bucoliques plein la tête;
en somme, une alternative bien heureuse aux inflammations islandaises ou montréalaises
parfois bien prétentieuses. Personnellement je me suis depuis refait l'intégrale pour piano de Debussy et Ravel.
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