Red : le blues torturé jusqu'au cuir chevelu
Toutes les photos de Red ont été réalisées par John B. Root. Quel est donc
ce lien entre B. Root et Rectangle ?
R: Y'a un lien au départ entre John B. Root et Rectangle. C'est Rectangle qui
produit ses musiques. Et par le biais de Rectangle c'est lui qui m'a fait
les photos de presse. Tout simplement parce que c'était gratuit et bien fait.
Après on a sympathisé. Je tourne une scène de comédie dans son prochain film,
on a tourné cet été. Ca passe en mars sur Canal +. J'ai signé aussi un morceau
pour le générique du film "French Beauty". Moi, ca me fait assez marrer de faire
ça. C'est quelqu'un de très bien. A chaque fois c'est les vacances.
Reprendre Nick Drake ça vous tenterait ?
R: J'adore Nick Drake, mais j'ai pas la voix assez haute. J'y ai déjà pensé.
J'ai pas réécouté depuis longtemps. Il fait partie des influences. Disons qu'on
a une influence commune avec Nick Drake, c'est Skip James. C'est un bluesman des
années 30, qui a fait un disque magnifique en 1931, qui a disparu et qui est réapparu
dans les années 60. C'est le bassiste et le chanteur de Canned Heat qui l'a retrouvé.
Il a fait 2 disques dans les années 60 et il est mort juste après. Ce sont 2 des
plus grands disques de blues. Skip James est une des plus grandes influences de
Nick Drake notamment sur la technique de chant soufflé. Skip James est vraiment
à 8000 mètres de haut. C'est complètement incroyable. En plus il a un phrasé de
guitare qui n'est pas du tout blues traditionnel. Il se barre dans des lignes
mélodiques assez surprenantes. En plus c'est marrant parce que le gars qui l'a
retrouvé c'est Larry Taylor, l'actuel bassiste de Tom Waits et depuis 15 ans.
Quelle est votre chanson préfrérée de Tom Waits ?
R: J'ai des albums préférés de Tom Waits, mais des chansons préférées c'est dur.
Je suis plus porté sur Tom Waits à partir de "Swordfishtrombones". Je commence
à redécouvrir les premiers, qui sont beaucoup plus jazz et piano-bar. Depuis
"Swordfishtrombones" et jusqu'à maintenant il n'y a aucun album à jeter. Si, y'a un album
quand même que je mettrais de côté, hormis la trilogie des années 80, y'a
Black Rider : c'est un truc composé pour une pièce de Bob Wilson, la rencontre
entre Bob Wilson, Tom Waits et William Burroughs, qui est quasiment mon écrivain
préféré.
Vous aimez bien les écrivains de la beat-génération ?
R: Pas tous. J'aime bien Burroughs. Kerouac? j'ai un peu plus de mal. J'adore
Burroughs parce qu'on a des points communs dans notre vie, notamment l'héroïne.
Hormis le fait que j'ai pas été aussi loin que lui - lui a été héroïnomane toute
sa vie. moi j'ai arrêté. J'étais à Grenoble d'ailleurs - Y'a des choses que je
retrouve. En plus la technique d'écriture de CutUp c'est lui qui l'a inventée.
J'adore cette technique. Je l'utilise d'ailleurs moi pour mes chansons. Felk
c'est un cut-up. L'enregistrement s'est fait très vite, en 3-4 jours. Avec
un petit micro pour enregistrer les conférences sur la table devant mon
ordinateur. J'ai d'abord tout programmé l'électronique. Ensuite j'ai collé
tous mes bouts de texte, toutes les notes que j'avais prises pendant pas mal
d'années, tout ce qui n'avait pas donné de chanson. J'ai joué et composé comme
ça d'un trait en direct avec tout ce qui se passait. C'est pour ça qu'on
entend ma fille intervenir. C'est vraiment pas monté sauf le cri qu'il y a
au début du disque. Y'a un gars qui gueule : c'est l'ancien guitariste de mon
groupe. Je l'ai mis là par pur humour. Ca me faisait plaisir que ça soit lui qui
ouvre l'album. Felk c'est donc un espèce de cut-up. C'est aussi pour ça que
quelquefois la prononciation est bizarre parce que j'arrivais pas à me relire.
Felk est dédié à Master Sushi : c'est l'ancien chanteur d'un groupe dans lequel
j'ai joué 5 ans qui est décédé juste avant de faire cet album. C'était un peu
pour me débarasser sa mort. Au moment d'enregistrer Felk ça n'allait pas du tout.
vous aimez bien Tristan Tzara ?
R: Si j'aime bien. J'ai lu ça il y a longtemps quand j'étais étudiant. Ca m'avait
mis un peu le cafard. J'étais dans une période de sevrage et j'ai arrété parce que
je sentais que ça allait me remettre dedans.
et Henri Michaux ?
R: moi, à quinze ans je voulais être Henri Michaux. Je voulais essayer tout ce qui
se fume et tout se qui se pique sur la planète. Et peindre. C'était vachement
romantique. Quand je repense à ça, ça me fait marrer.
fin de la première partie. la suite bientôt...
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