Initiales B.B.
PurJus: Parmi les artistes du label Tricatel, lesquels sont pour vous les plus prometteurs ?
BB: Ca dépend à quel point de vue. Par exemple y'a des projets
qu'on va sortir cette année dont on est très fiers. On sort bientôt un disque
avec Jonathan Coe qui est un écrivain anglais qu'on aime beaucoup.
Au
tout début du label, toute l'énergie je l'ai mise pour que certains disques
puissent sortir. Et le fait que ces trucs là marchent ou pas, ça ne me semblait
pas important, c'était déjà que ça voit le jour. Et maintenant qu'on arrive à
peu près à sortir nos trucs, évidemment, on aimerait bien que certains trucs
marchent parce que ça nous permettrait de tirer d'autres projets, de faire un peu moins
d'acrobaties financières.
On est en train
d'en faire certains, en particulier celui de Count Indigo, on voudrait
vraiment faire un album de cross-over, un disque de soul électronique moderne.
mais après souvent le manque de moyens nous gène pour ça. Count Indigo c'est un
album qui peut être énorme mais on aura beaucoup de mal si on n'arrive pas à
mettre un minimum de moyens dans le disque. On ne sera jamais compétitifs par
rapport aux grosses productions commerciales surproduites, avec un
énorme travail de mixage en studio. C'est un peu notre difficulté aujourd'hui.
La moyenne du budget d'un de nos albums, quel que soit le style, c'est à peu
près 1/10 du budget d'un album équivalent dans une boîte normale. L'album de
Katerine et Helena il a coûté 60 000F, et l'album précédent d'Helena avait dû
coûté 1,4 MF. Donc on est dans des coûts qui nous handicapent au bout d'un
moment. Ca nous permet de faire des disques plus libres, un peu moins
prévisibles, mais quand on veut passer le cap des radios, on est quand même très
handicapé. Un artiste comme Count Indigo a vraiment toutes les capacités pour
faire quelquechose d'énorme. Et puis parfois, on se bat pour quelqu'un, on a le
probleme avec un groupe dont on a sorti un EP, qui s'appelle Ladytron, et puis
la même boîte qui refusait le disque quand on le présentait y'a 2 ans, est en
train d'essayer de les signer dans notre dos. Et on peut rien faire, ce qu'ils
proposent est beaucoup plus avantageux pour eux mais c'est à pleurer... m'enfin
bon.
PurJus: On a entendu parler des soirées Tricatel. Qu'est-ce qu'on peut y entendre, qu'est-ce qu'on peut y faire ?
BB: On a commencé ça il y a 1 an. On en a fait 8, et puis on
s'est dit qu'il fallait qu'on arrête. On a arrêté il y a quelques mois. On a
préféré arrêté tant que c'était bien, avant que tout le monde nous casse. Parce
qu'à Paris, ce genre de trucs ça monte vite, mais ça peut descendre aussi vite.
En fait, c'est quelqu'un qui organisait des soirées qui nous a proposé de faire
quelquechose, qui avait trouvé un bowling à paris. Moi, je souhaitais, si on
faisait des soirées, qu'on les fasse tôt, pas faire des soirées qui commencent à
23 heures et qui finissent à 6 h, parce que quand c'est en semaine, les seules
personnes... on n'arrive pas à avoir des gens autres que ceux qui travaillent
dans la mode, la pub, qui ont une certaine flexibilité d'horaires. Donc on
voulait faire quelque chose qui commence très tôt le soir, vers 19 heures, et qui
finissait à 2h00, qui ne soit pas payant, parce qu'à Paris, on aurait eu une
telle liste d'invités, de maisons de disques, que les seules personnes qui
auraient payés, ça aurait été celle qui n'auraient pas dû, les gens qui
travaillent en dehors de ce milieu là et qui ont souvent moins d'argent que ceux
qui n'auraient pas payés. Donc on s'est dit "Démerdons-nous pour que ce ne soit
pas payants". Les gens qui en faisaient la demande, qui nous appelaient, qui
nous envoyaient un email, on les mettait sur la liste d'envoi. On a voulu faire
quelque chose où il n'y avait pas de DJ professionnel, mais que ça soit des gens
qu'on aiment bien, qui passent des disques, ce qui faisait une programmation
très éclectique. On entendait du hip-hop old-school, avec des trucs
électroniques, avec... un peu tous les genres.
On refera sûrement des trucs plus tard
mais on voulait pas que ça devienne automatique. Qu'on ait eu 8 soirées qui se
passent bien ça me paraît déjà assez miraculeux.
[...]
BB: A paris je
pense que les gens se sont vraiment amusés. parce que justement c'était assez
libre, assez différents des soirées habituelles. Aussi pour moi, ce qui était
important, c'était dans en endroit qui était plus clair. Les gens se trouvaient
pas entassés dans le noir, le fait qu'il y avait un bowling, que les gens
avaient un truc à faire en plus. A chaque fois on avait des groupes qui
jouaient. C'était un moyen pour nous aussi d'essayer d'intéresser des gens à
certains groupes, à certains artistes. mais bon, c'est pas notre vocation
principale. On est très heureux de l'avoir fait mais on s'est dit qu'il valait
mieux arrêter, avant que ça ne devienne trop systématique.
PurJus : la playlist idéale ?
BB: Un Kraftwerk ça mange pas de pain, "Autobahn" ou
"Radioactivity". Un Kinks ou un Beach Boys. Un truc de soul : du Stax, Barkeys,
Smokey Robinson. Un truc plus dur à trouver comme Fifth Dimension. Le deuxième
album de Soft Machine. Gong aussi ça serait bien.
Dans les trucs actuels
aussi, la musique française, y'a un morceau que j'aime beaucoup dans l'album de
Tanger, qui est un morceau instrumental, qu'on joue beaucoup avant les concerts.
y'a un côté assez hypnotique justement.
PurJus: des chanteuses ?
BB: Ah oui je suis pour.
PurJus : Cat Power, Beth Orton...?
BB: J'ai entendu Cat Power parce qu'April March m'avait
bassiné une fois en tournée avec ça. Et j'étais assez déçu, je trouvais ça un
peu chiant en fait.
J'aime bien sinon une chanson qu'on entend sur les
radios sur le périphérique, Lisa Barel. Je l'ai entendu comme ça un soir sur
Europe 1, et je me demandais vraiment d'où ça sortait.
[...]
Je suis pas
du tout trip hop alors là, j'ai une espèce d'allergie. Mon rêve c'est qu'on joue
en première partie des groupes de trip-hop, parce que c'est assez décomplexant.
c'est une musique assez prétentieuse, assez chiante.
C'est vraiment le seul courant musical avec lequel je ne me sens vraiment aucune
affinité. J'espère que cet été pendant les festivals, il va y avoir du trip-hop.
Mais en même temps c'est une musique qui en perte de vitesse, alors on verra.
Merci :
- à Yann Claude de Source pour avoir arranger l'interview
- à
Bertrand pour nous avoir accordé près d'une heure de son temps
- à l'équipe
du Transbordeur toujours aussi sympathique
chroniques de Bertrand Burgalat
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